Une culture patriarcale ambiante:
À cause de la culture patriarcale ambiante, quand les femmes travaillent, elles sont obligées de concilier leurs profession et tâches familiales traditionnelles. D’où le découragement de plusieurs de s’éloigner des frontières de leur monde privé. Aussi, dans un tel milieu social, on est d’emblée peu porté à l’ouverture à la reconnaissance pleine et entière de la valeur de la participation des femmes aux affaires de la cité.
Le recours de certains milieux conservateurs à des citations prophétiques misogynes n’est pas de nature non plus à militer en faveur de la promotion de la femme dans le monde politique. Il vient au contraire renforcer les représentations négatives de son image. Cette représentation idéologique se reproduit dans les différents champs de la société. D’où le découragement de plusieurs femmes à s’engager activement dans le militantisme politique.
Quant à la participation des femmes elles-mêmes à cette situation, il ne faut pas perdre de vue qu’elles ne sont pas des objets inanimés, des victimes de stratégies machistes. Elles sont au contraire des actrices qui participent aux processus culturels de reproduction de la société. N’oublions pas que ce sont elles, et non les hommes, qui remplissent plusieurs fonctions importantes au niveau de la famille. Ce sont elles qui par exemple s’occupent les premières de la socialisation des enfants. Elles les initient aux premières formes de la vie religieuse. Ce sont elles qui initient les enfants, jusqu’à l’âge de 9-10 ans, aux rites du rapport au corps, notamment en matière d’hygiène. À travers ces exemples, on voit que ce rapport mère-garçon commence dès la tendre enfance. Et même au moment du mariage, donc à l’âge adulte, le jeune homme cherche la bénédiction de son choix par sa mère. Faisant elles-mêmes partie de la société et subissant ainsi son influence, elles participent à sa reproduction idéologique. C’est pourquoi elles continuent à transmettre à leur progéniture les valeurs culturelles qui ne sont pas de nature à faire la promotion de la femme dans la vie politique. L’influence d’une telle conception culturelle est telle que même des femmes impliquées dans la gestion du «gouvernement» local ou présentes au Parlement perçoivent leurs fonctions électives comme une extension de la sphère domestique.
Et les stratégies partisanes:
Dans le cas des femmes qui trouvent quand même assez d’énergie et de motivation pour s’impliquer réellement dans les partis politiques, elles font face à deux situations décourageantes. La première concerne la taille de la présence des femmes dans les organes décisionnels (bureau politique et comité central). À l’exception d’un petit parti vert, aucune autre femme ne dirige un parti politique, et peu de femmes sont présentes dans le comité central ou le bureau politique des différents partis. À cet égard, la jeune formation islamiste, Parti de Justice et de Développement (PJD), s’est montrée plus volontariste que tous ses adversaires, y compris ceux dits progressistes.
Ce peu d’ouverture face aux revendications de leurs sections féminines et d’intérêt vis-à-vis de la promotion des femmes au sein des partis s’explique par le contrôle que les hommes exercent sur les postes de responsabilité et de direction, et donc sur les machines partisanes. Partageant une culture patriarcale ambiante, ces dirigeants sont portés à favoriser d’autres hommes et donc à marginaliser les femmes. Comme d’habitude, ils accordent de faibles possibilités à leurs militantes d’être élues car, aux états-majors des partis, présenter des candidates aux élections est considéré comme un pari risqué. Dans beaucoup de cas, les candidatures féminines assurent uniquement la fonction d’alibi pour montrer la modernité de ces partis. Les femmes sont généralement présentées dans des circonscriptions qui ne sont pas «gagnables», sous prétexte que «le peuple» serait profondément conservateur et par conséquent ces femmes n’auraient aucune chance de remporter les élections. De tels propos cherchent en fait à camoufler, au sein des différents partis, le sentiment d’hostilité de plusieurs secteurs masculins aux candidatures féminines.
Une raison supplémentaire explique la marginalisation de la femme dans les organes décisionnels des partis. Celles qui sont soutenues par leur famille et trouvent assez d’énergie pour s’impliquer réellement dans les partis politiques ne bénéficient pas du soutien de ces machines politiques car, malgré leur discours volontiers égalitaires, ces formations, qui sont le produit de la société, continuent en fait à concevoir la politique comme une affaire d’hommes. Pour se défendre, ils avancent l’argument qu’au fond les femmes ne veulent pas vraiment s’impliquer dans la vie politique ou qu’elles n’ont pas les qualités requises pour un tel engagement. Mais, venu le temps des consultations électorales, ces mêmes partis se servent du thème de l’émancipation de la femme pour récolter le maximum de suffrages féminins. Le fait de se doter de sections féminines n’a pas poussé les partis politiques à prendre sérieusement à leur compte l’agenda féminin. De plus, ces sections n’ont pas encore réussi à dépasser l’état de tutelle dans lequel elles étaient déjà placées au sein de leurs partis respectifs. Cette donne n’est pas une nouveauté, puisque, face à un régime autoritaire, la société marocaine n’a pas cessé depuis plusieurs décennies de débattre au sein des partis d’opposition d’alors et de leurs filiales syndicales pour savoir s’il faudrait ou non attendre la démocratisation du régime pour pouvoir régler la question de l’émancipation de la femme et de son intégration politique. Les féministes pourraient voir dans cet argument une sophistication de la volonté partisane de les exclure des postes de décision politique.
Mais, pour modifier ces équilibres entre les deux genres, le secteur féminin de plusieurs partis, notamment ceux de gauche ou islamiste, n’a cessé d’encourager les femmes à participer à la vie politique. Un tel investissement cherchait également à donner aux femmes une image positive d’elles-mêmes. C’est pourquoi plusieurs femmes se sont présentées aux élections. La mesure royale de quota féminin obligatoire depuis les élections législatives de 2002 est une bonne nouvelle pour ces dernières.
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La culture patriarcale et les stratégies machistes des leaderships partisans se sont de fait liguées pour réduire le champ des possibilités d’ascension politique des femmes marocaines. Si l’adoption par le Maroc du principe de quota féminin obligatoire est de nature à améliorer la représentation des femmes dans les assemblées locales et législative du pays, elle n’est pas de nature à saper les fondements culturels misogynes de la sphère politique. D’où l’importance d’une certaine «rupture» idéologique avec l’idéologie sociale dominante, grâce notamment à la généralisation d’une éducation moderne.
Maroc: Des Droits Civils des Femmes
Au Maroc, plusieurs lois participent des dynamiques sociales de discrimination de la femme et de sa marginalisation, aussi bien au sein de la famille que dans la société. C’est pourquoi la réforme progressiste du code du statut personnel en 2004 et les avancées professionnelles féminines sont hautement positives.
Au niveau du droit de la famille, il y a indéniablement l’avant et l’après-2004. L’adoption de la Moudawana, code du statut personnel et successoral, remonte à 1957-1958, c’est-à-dire à peine deux ans après l’indépendance du pays (1956). C’est dire l’importance à l’époque de cet enjeu pour les milieux conservateurs du pays.
Selon cette législation, la moitié de la société devait demeurer à vie sous tutelle mâle. Les réformes timides des années 1981 et 1993 n’ont rien changé à cette situation. Si le législateur avait touché aux questions de tutelle matrimoniale (wilaya) et de garde des enfants mineurs, il avait de fait délaissé la répudiation, la polygamie, le statut du tuteur et de l’enfant né hors mariage. Sans oublier l’âge du mariage de la jeune fille demeurant fixé à 15 ans. Pire, certains changements étaient en fait des retours en arrière. À titre d’exemple, si une mère se remariait, la garde des enfants revenait à son ex-mari et non plus à sa propre mère. Au grand dam des milieux progressistes, féministes et de gauche.
Ces milieux devaient attendre l’année 2004 pour voir enfin l’adoption d’une réelle réforme du droit de la famille. Avant cette date historique, la femme, considérée comme éternelle mineure, était soumise au régime de tutelle du père puis du mari. Même si la polygamie était devenue un phénomène marginal, tout homme pouvait théoriquement se marier avec plus d’une femme. Seul l’homme pouvait répudier son épouse, après l’avoir avertie. À défaut de sa réaction à un deuxième avis, il pouvait la répudier sans qu’elle soit présente. Une fois remariée, la femme courrait le risque de perdre la garde de son enfant au profit de son ex-mari. En matière de succession et d’héritage, les femmes étaient également objet de discrimination. Pour se marier ou obtenir un passeport, elle avait besoin de l’autorisation d’un tuteur mâle. Si elle se mariait avec un étranger, elle ne pouvait transmettre sa nationalité ni à son mari ni aux enfants nés de cette union; et cela sans parler de l’ostracisme social auquel elle pouvait faire face en cas de mariage avec un non musulman.
Presque cinq ans après l’arrivée du roi Mohamed VI au pouvoir (1999-), le nouveau droit de la famille a instauré trois principes importants: l’égalité juridique entre les hommes et les femmes, la coresponsabilité au sein du couple et l’accès de la femme à la majorité sociale. C’est pourquoi cette loi a accordé à la femme les droits suivants:
*pouvoir attendre jusqu’à l’âge de 18 ans pour choisir de se marier et avec qui bon lui semble;
*l’institution du divorce par consentement mutuel;
*la possibilité de demander le divorce;
*dans le cas de divorce ou de répudiation, la possibilité de garder ses biens, son logement et ses enfants, si c’est l’homme qui demande le divorce. Dans ce cas, elle bénéficie d’un partage équitable des biens du couple;
*la polygamie est rendue quasi impossible;
*pour l’enfant naturel, son père peut le reconnaître.
Mais, le partage de l’héritage demeure inégalitaire.
Si la législation commerciale et contractuelle permet (depuis 1995) à la femme mariée d’exercer librement le commerce sans avoir besoin de l’accord préalable de son mari, en revanche le code du travail contient toujours plusieurs dispositions discriminatoires à son égard. D’où notamment cette distorsion salariale qui perdure et qui fait qu’à travail similaire et à compétences égales, elle touche 40% de moins que l’homme. Le code de la fonction publique, daté du 14 février 1958, l’exclut de certains secteurs publics, dont les postes de facteur, d’agent de ligne, de sapeurs-pompiers. Sans oublier la résistance à la féminisation de certains secteurs au sein de départements comme l’Intérieur et les Affaires étrangères.
Il fallait attendre l’année 1993 pour voir les premières femmes (deux) entrer au Parlement, et l’année 1995 pour voir des femmes entrer pour la première fois au gouvernement. Cinq ans après, on nommait les premières ambassadrices et consuls du pays. Avant 1995, hormis le cas du Haut commissariat aux handicapés, dirigé par une femme, aucune autre ne faisait partie du gouvernement ni n’occupait un poste dans les hautes instances politiques officielles ou administratives. La fonction de secrétaire général de ministère demeurait une fonction masculine. Il fallait chercher au niveau des directions pour trouver quelques nominations féminines.
Dans le domaine judiciaire, si les femmes avaient accédé progressivement à la fonction de juge et de magistrat au niveau des diverses juridictions (première instance, Cour d’appel, tribunaux administratifs), elles demeuraient quasi absentes de certaines instances, telles le Conseil suprême de la magistrature, la Cour suprême et le Conseil constitutionnel, où Saadia Belmir était le seul membre féminin, exerçant aussi la fonction de présidente de chambre à la Cour suprême. D’autres institutions, telles l’officiel Conseil consultatif des droits de l’Homme et le Conseil du suivi du dialogue social, étaient exclusivement masculines. Le même phénomène se produisait dans les syndicats, chambres et organisations professionnelles.
Cette situation de discrimination professionnelle de la femme représente une violation à la fois de la Constitution et du code des libertés publiques, dont l’article 3 qui stipule que, dans des conditions d’égalité, la femme a le même droit que l’homme d’occuper tous les postes publics et d’exercer toutes les fonctions publiques établies en vertu de la législation, sans aucune discrimination. C’est dire l’influence forte de la culture patriarcale au sein de la société («Maroc : Société politique et freins à l’ascension des femmes»).
Mais le caractère discriminatoire de ces lois n’a pas empêché la Marocaine de jouir de plusieurs droits civils, tels la liberté de circuler et de s’établir dans toutes les parties du royaume (Constitution, article 9, alinéa 1), le droit à la propriété (article 15), le droit à l’éducation et au travail (article 13), la protection de la vie privée (article 10, alinéa 2) et le droit d’accéder à tous les emplois de la fonction publique (article 12). Même si, comme nous venons de le voir, ce dernier droit est violé par certaines dispositions du code de la fonction publique.
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Si l’on prend en considération le fait que ces outils juridiques des droits civils participent aux dynamiques sociales de discrimination des femmes et de leur marginalisation dans la société, on ne peut qu’apprécier positivement dans une large mesure la «modernisation» du droit de la famille en 2004 et les avancées professionnelles féminines. Conjuguées à une éducation moderne généralisée à l’ensemble des enfants du pays, y compris donc aux petites filles, la modernisation des lois et l’adoption d’une discrimination positive à l’embauche en faveur des femmes pourraient contribuer à saper les fondements culturels de la discrimination des femmes. Élément incontournable pour toute modernisation réelle et durable de la société.
Femmes du Maroc : la Marche vers l'Egalité
Les femmes marocaines ont toujours participé aux luttes politiques de leur peuple. Elles ont activement contribué à l’émancipation du pays et se sont engagées depuis dans le combat de liberté et de démocratie. Un combat encore à gagner. C’est dans ce cadre que s’inscrit leur longue marche vers l’égalité juridique et politique avec leurs compatriotes masculins.
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L’enclenchement de la marche des femmes marocaines
Les origines du mouvement féministe marocain remontent au milieu des années 1940, lorsque la première association féminine, l’Union des femmes du Maroc, est née en 1944 pour œuvrer dans le domaine social et participer à la lutte pour l’indépendance du pays. Pour renforcer son assise sociale et améliorer sa capacité de mobilisation, le Parti d’Indépendance s’est doté en 1946 de la Commission des femmes istiqlaliennes. La même année, le Parti démocratique et de l’indépendance, a créé les «Sœurs de la pureté» qui va revendiquer pour la femme «le droit à la scolarisation», «le droit au soutien légal au sein de la famille» et «le droit à la visibilité politique». Le mouvement des femmes a donc été depuis ses premiers pas associé aux luttes politiques. De son côté, l’État s’est doté en 1971 de l’Association marocaine de planification familiale.
En dehors des sections féminines des partis d’opposition, le syndicat étudiant l’UNEM a servi de laboratoire d’idées permettant la maturation de l’idée de création de mouvements féministes autonomes. Ce processus social complexe est arrivé à son terme pendant les années 1980, période de création de la première association féministe, l’Union de l’action féminine. Pour le Parti du progrès et du socialisme, la création en juin 1985 de l’Association démocratique des femmes du Maroc servait à renforcer son assise sociale. La décennie 1990 voit ce mouvement féministe mûrir et se diversifier. Il s’enrichit en 1991 de l’arrivée de l’Association marocaine pour les droits des femmes et l’Association marocaine des femmes progressistes. Malgré ses avancées, ce mouvement social est demeuré un mouvement urbain, universitaires et de classe moyenne laïque.
Ayant pris confiance dans leurs moyens, les féministes vont s’attaquer aux tabous religieux de la société, dont celui de la Moudawana. Pour elles, la participation féminine au processus politique de décision est tributaire de la modernisation de son statut juridique. D’où le mouvement du million de signatures en faveur de la réforme de la Moudawana en 1992 initié par l’UAF. Cette pétition revendiquait l’interdiction de la polygamie, la suppression du tutorat, l’égalité des droits et des obligations pour les deux époux, l’instauration du divorce judiciaire et la tutelle de la femme sur les enfants au même titre que l’époux.
Cette mobilisation de masse en faveur de l’égalité juridique avec les hommes était en soi une double victoire politique pour les féministes marocaines. D’abord, elle a réussi à remettre en question un texte jugé jusque-là «intouchable» par les conservateurs et à lever ainsi le tabou du statut de la femme dans la société. Ensuite, elle a montré la soif de changement social de plusieurs secteurs sociaux. Ce faisant, elle a soulevé la colère des milieux conservateurs, islamistes en tête.
Pour éviter à la fois la polarisation de la société et la politisation du débat, prétexte d’une mobilisation islamiste, Hassan II s’est emparé de la question de la réforme de la Moudawana. Au bout du compte, la «réforme» de 1993 n’a rien changé à l’essentiel («Maroc: Des droits civils des femmes»). Comme prévu, les féministes ont jugé ces mesures insuffisantes.
C’est dans ce contexte que deux femmes ont pour la première fois accédé au Parlement (1993). Deux ans plus tard, quatre femmes ont rejoint le gouvernement. Au grand bonheur des féministes.
Pour renforcer la présence des femmes dans les assemblées élues, un comité national de coordination féminine, Jossour («pont»), a vu le jour. Ce lobby comprenait: l’UAF, l’ADFM, l’AMDF, la Ligue nationale des femmes fonctionnaires du secteur public et semi-public et le Forum des femmes marocaines. Jossour a proposé les mesures suivantes : l’adoption d’un mode de scrutin par liste censé plus ouvert à la participation des femmes et l’adoption par les différents partis de quotas féminins d’un minimum de 20%.
Les femmes et Mohamed VI
Avec l’accession de Mohammed VI au pouvoir (1999-), la gauche espérait notamment voir aboutir la modernisation du statut des femmes. C’est pourquoi le gouvernement a chargé Saïd Saâdi d’élaborer le projet d’intégration de la femme au développement économique et social. Son «Plan» visait l’amélioration des conditions de vie de la femme dans les domaines de la santé, de l’éducation et de l’emploi. En vue de réformer la Moudawana, son volet juridique insistait sur:
*le relèvement de 15 à 18 ans de l’âge minimal du mariage pour les jeunes filles;
*l’instauration d’une tutelle paternelle facultative pour le mariage des jeunes femmes majeures;
*l’interdiction de la polygamie;
*la systématisation du divorce judiciaire (et l’interdiction de la répudiation unilatérale pour l’homme);
*le partage équitable des biens du couple, en cas de divorce.
Ayant perdu la bataille de l’opinion face aux conservateurs, le gouvernement a «refilé la patate chaude» à Mohammed VI en sa qualité de commandeur des croyants.
Un an plus tard, le roi a annoncé, le 27 avril 2001, la formation de la Commission royale consultative chargée de la révision de la Moudawana. Mohammed VI n’a cessé d’envoyer des signes en faveur de l’association de la femme au développement du pays et à l’exercice de tous ses droits. Une telle intégration ne pouvait se faire tout en gardant le même code du statut personnel. Cette commission a fini par élaborer un code de la famille assez progressiste en matière des droits de la femme.
L’adoption à l’unanimité de cette loi par le Parlement est intervenue dans un contexte politique marqué par le traumatisme des attentats terroristes de mai 2003, perpétrés à Casablanca par des jihadistes marocains. Le ralliement à cette loi des 42 députés islamistes s’explique par cette nouvelle conjoncture.
Avec la nouvelle loi de la famille, le Maroc a rattrapé son retard sur la Tunisie et devancé les autres pays arabes.
Pour continuer sur la même lancée «féministe», en vue des élections législatives de 2002, le gouvernement a adopté cette même année le principe de quotas de 10% de sièges féminins, et ce à l’aide d’une liste nationale réservée aux femmes. À l’occasion de ces élections, la représentation des femmes au sein de la Chambre basse du Parlement a fait un bond spectaculaire (10,8%, contre 0,61% précédemment).
Lors du remaniement ministériel de 2002, parmi 39 membres, les femmes ont obtenu près de 10% des postes, soit un pourcentage similaire à la représentation féminine à la Chambre des représentants. Leur présence a renforcé le poids de la représentation féminine dans l’exécutif. Toujours dans le cadre de sa politique de «féminisme d’État», la monarchie a désigné en 2003 des femmes au Conseil consultatif des droits de l’Homme, aux conseils de l’audiovisuel et de la magistrature, et à la Commission justice et vérité, sans oublier la nomination en 2004 d’une femme pour siéger au sein du Conseil supérieur des oulémas et 36 autres dans les 36 conseils régionaux. Cette présence pourrait contribuer à la prise en compte des doléances féminines par une institution religieuse conservatrice.
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Grâce à la marche entamée des années avant l’indépendance du pays, les femmes marocaines ont enregistré plusieurs avancées en termes de droits. Mais la route est encore longue avant d’accéder à un réel régime d’égalité avec leurs compatriotes masculins.
Femmes et Politique au Liban
En septembre 1997 au Caire, le Conseil interparlementaire a adopté la Déclaration universelle sur la démocratie et a engagé les gouvernements et parlements du monde entier à s’en inspirer. Dans la première partie de ce texte, intitulée “Les principes de la démocratie”, est énoncé le principe suivant: “Il ne saurait y avoir de démocratie sans un véritable partenariat entre hommes et femmes dans la conduite des affaires publiques où hommes et femmes agissent dans l’égalité et la complémentarité, s’enrichissant mutuellement de leurs différences”.
La politique en sens large – la gestion de la Cité -, et au sens particulier – la course au pouvoir des partis politiques et les élections législatives -, est profondément enracinée dans la société libanaise. Quel que soit le sens adopté, l’implication des femmes en politique ne date pas d’hier, mais elle gagne de l’importance depuis moins d’une décennie. Des femmes contribuent notamment à la production et la promotion d’une culture de la paix, tant au sein des entreprises médiatiques que des associations civiles, des organismes non gouvernementaux et des partis politiques. Toutefois, leurs voix sont souvent marginalisées et accusent un manque évident de solidarité-partenariat. Principales victimes civiles des conflits (avec les enfants), les femmes n’ont souvent aucun moyen de les prévenir et sont exclues des négociations visant à les régler. Elles sont de plus cantonnées à un rôle marginal dans le processus de reconstruction et de réconciliation.
Afin de renforcer le rôle des femmes en politique, voici quelques propositions :
1) Faire connaître au public libanais des visions et actions de Libanaises en politique (conscientisation, promotion de la participation des femmes en politique) : il s’agit ici de promouvoir la critique de l’image de la femme libanaise en tant qu’uniquement passive et victime pour une image active et responsable-engagée ; ainsi que de sensibiliser le public libanais à l’importance d’intégrer la question de la parité des genres en politique.
2) Établir un réseau de dialogue entre des femmes en politique aux niveaux national et transnational (socialisation – globalisation + Formation-Empowement/ Capacitation). Notons qu’il est essentiel de dresser et d’implanter des stratégies de globalisation de valeurs et pratiques au sens d’une solidarité et d’un échange-partage pour améliorer la situation et la représentation des femmes.
3) Encourager la production de recherches appliquées adoptant l’approche intégrative de la dimension de genre (approche « sexospécifique ») en sciences politiques et sociales. L’approche sexospécifique est une perspective intégrée, cohérente et stratégique, qui consiste à faire émerger et à renforcer des pratiques respectueuses de l’équité et de l’égalité entre hommes et femmes. Elle se base sur le fait que les sources d’inégalités dans les relations entre les genres sont en réalité inscrites dans les normes, les pratiques sociales, les institutions collectives, l’Etat, la famille, le marché etc. L’approche sexospécifique comprend trois principaux et indissociables niveaux d’intervention, à savoir : l’analyse contextuelle, la définition, l’adoption et l’implantation des politiques, la gestion et l’évaluation des programmes. Ces trois nivaux d’intervention doivent être inspirés par les différents expériences, incidences et rapports que les hommes et les femmes vivent et construisent, eu égard aux problématiques culturelles, politiques, sociales et économiques auxquelles ils sont collectivement confrontés.
4) Aligner les projets de recherche et d’application en politique de la valorisation du rôle de la femme dans le maintien et la construction de la paix avec le programme international traitant des femmes et des conflits (résolution 1325 du Conseil de Sécurité des Nations Unies sur les femmes, la paix et la sécurité, le 31 octobre 2000). Cette résolution marque la disproportionnalité de l’impact des conflits sur les femmes par rapport aux hommes, et reconnaît que les contributions des femmes à la prévention des conflits, à la construction de la paix et au maintien de celle-ci sont sous-estimées (under-valued) et peu utilisées (under-utilized), d’où l’importance de leur participation active avec les hommes en tant qu’agentes de paix et de sécurité.
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Image: Dr. Pamela Chrabieh in Istanbul (Turkey) – Religion and State Relations in Lebanon: Effects on Diversity (2010)
Du Féminisme… Une relecture
En deuxième année d’université, dans le cadre de mon cours d’anglais, je devais faire une présentation orale. Sujet au choix. Après m’être trituré la tête pendant plusieurs jours, une amie m’a indirectement donné l’idée de parler du féminisme. Le thème m’avait semblé approprié pour prouver que je savais m’exprimer clairement en anglais… Malheureusement, c’était bien là la seule chose que j’avais « réussi » avec ce devoir oral.
Je ne me souviens plus des détails de ma présentation ni de la manière dont j’avais abordé le sujet (j’ai malheureusement perdu ce fameux devoir depuis), mais je me rappelle très clairement avoir débattu en long et en large et en travers que je n’étais pas une féministe puisque l’être impliquait être « masculine ». Or comme je me sentais très féminine, je ne pouvais pas être féministe… ô syllogisme quand tu nous tiens!
Aujourd’hui, 14 ans plus tard, j’avoue avoir honte de ce moment…
Honte non pas parce que je l’ai pensé – après tout, je ne peux qu’être le produit de ma société, au moins pour un temps et dans une certaine mesure – mais honte de ne pas avoir eu assez d’intelligence pour remettre en question cette « réalité » que l’on nous rabâche sans cesse : Être féministe veut dire ne pas être féminine et ne pas être féminine, ce n’est pas bien. J’ai honte parce qu’à 20 ans, je n’avais pas une seconde pensé qu’être féministe c’est avant tout se battre pour avoir les même droits que les hommes. Honte parce que je ne m’étais pas un instant demandé s’il était normal que ces femmes soient considérées comme étant masculines, ergo comme n’étant pas dignes d’être femmes.
Apparemment, se battre pour quelque chose serait exclusivement masculin.
Dans bien des sociétés, dont notre société orientale, en tant que femmes, nous devons nous plier aux dictats des hommes : obligation sacrée du mariage, rester à la maison, porter leurs enfants (je ne parlerais pas ici de l’obligation des femmes d’avoir des enfants et de n’exister qu’au sein du foyer), etc… On peut tout de même travailler un peu. A temps partiel, ou une petite carrière juste pour dire que bon, nous ne sommes plus au moyen-âge ! Mais pas trop quand même. Rentrer à temps pour le repas des enfants, assurer le ménage, la cuisine, l’éducation, ne pas faire plus que son mari, etc…
Évidemment… ça nous occupe tellement d’assurer tous ces rôles, que nous n’avons même plus le temps de penser à nos droits!
Mais je m’égare…
14 ans, un tout petit peu d’expérience, quelques lectures et quelques moments de réflexion plus tard, je me rends compte à quel point le concept de féminisme est important et fragile.
Important parce qu’il implique se battre pour des droits égaux. Droit à l’éducation, au travail, à l’équité salariale, droit de faire les mêmes métiers, mêmes ceux « non traditionnels » ou « réservés aux hommes », droit d’être ce que l’on veut être, loin des dictats des hommes : se raser les cheveux, porter des pantalons sans se faire dire que ce n’est pas « sexy » ou « féminin », droit d’avoir le poids dans lequel nous sommes à l’aise, et non celui qui va plaire aux hommes, droit de ne pas être tout le temps parfaitement épilée « parce que ce n’est pas joli », droit de se couvrir ou découvrir à notre gré et non celui des autres, droit de décider de notre corps, de notre vie… Non pas par caprice, non pas parce que « nous n’avons rien d’autre à faire » ou parce que nous ne sommes pas mariées, mais parce le concept d’égalité implique justement que si une moitié de la population humaine peut aller où elle veut, alors l’autre moitié doit aussi pouvoir le faire ; parce qu’il ne faut plus que nos garçons subissent une énorme pression (être forts à tout prix, avoir honte de leurs émotions, assurer un revenu stable quels que soient leurs inclinaisons et leur goût, etc…); parce que nos filles doivent réaliser leur plein potentiel. Le féminisme est important pour une société saine et équilibrée.
Le féminisme est un concept fragile aussi parce qu’il tient à si peu. Dans quelques pays, il n’existe pas, dans d’autres, il tient du miracle, dans certains il lutte pour se faire entendre et même dans les pays où il existe « officiellement », il est continuellement rabaissé au statut de « lutte secondaire »…
Tant de femmes ont sacrifié leur vie (et continuent de le faire) pour qu’aujourd’hui, nous puissions simplement aller à l’école, travailler, voter, etc…
Une photo que j’ai beaucoup aimé et qui a fait écho à mes réflexions a circulé sur facebook dernièrement. Un homme tenant une affiche sur laquelle il est écrit : I need feminism because I am sick of seeing broken men breaking women!”
Il est fragile parce qu’il devient si vite péjoratif et parce qu’on nous le brandit dès que l’on « sort du rang ». Attention, ne lutte pas trop, tu vas devenir « camionneuse » (je n’ai absolument rien contre les camionneuses et j’adore les femmes qui assument leur coté masculin et vice versa); attention, pas trop haut, plus aucun homme ne voudra de toi; attention, ne gagne pas trop; attention, ne réussit pas trop…
Comme si être une femme accomplie sans passer par la case « homme/mariage » (et encore!) était « contre nature » (reste à définir le « nature »).
Le féminisme est fragile aussi parce qu’il est remis en question par des femmes… « Il n’y a pire oppresseur des femmes que la femme ». Celles qui obéissent à cette « évidence » sans se poser de questions. Celles qui disent qu’elles ne sont pas féministes parce que justement féminines, celles pour qui une femme à la forte personnalité « écrase » son mari (si son mari se laisse faire c’est la faute de la femme ?), celles pour qui il est de leur devoir de faire des enfants et de s’occuper de leur maris, celle pour qui les féministes sont toutes des suprématistes « qui veulent la fin des hommes » (je l’ai entendu de mes propres oreilles)…
En soi, je n’ai rien contre faire des enfants, s’occuper de son mari et être féminine (reste encore et aussi à définir ce terme…) tant que c’est une préférence personnelle. Mais du moment que ces « devoirs » sont « des obligations » dictées par une tierce partie, là, le bat me blesse.
J’adore l’idée de ce blog, ce mur.
Je pourrais écrire encore des pages et des pages.
Mais je finirais par me perdre dans le dédale des choses à dire, des choses qui me révoltent, des choses qui me mettent hors de moi, des choses qui me font pleurer…
Je m’arrêterais là… pour le moment…
Fathers and Sons, and the Middle Eastern Mentality
Fathers and sons bond by making fun of their wives and sisters respectively. Ita��s as simple as a statement as a�?Theya��re women! What do you expect?a�?. They have a laugh and brush off anything that was said as if ita��s nothing significant. This is Lebanon. This is the mentality in a big number of houses.
A�I found myself doing this with my father on more than one occasion. My father is a peaceful man; he doesna��t hold the background most men in the Middle East do. He doesna��t try to boss his wife around, he doesna��t abuse her or their daughter physically/verbally/psychologically, and yet there are little incidents that I find us involved in that makes me pause for a second and reconsider the upbringing in this country.
A�These are things that are imprinted in our brains without us even being aware of it. I used to pride myself in being fair and unbiased, for ignoring stereotypes and perhaps even breaking them. Then, I realized how some things had actually affected me.
But this is not about me. This is about women in this country, and how a woman has to pay double or triple what a man does just because ita��s not safe for her to take a mini-van. This is about how an adult woman is not safe on the streets at midnight but a 15 year old boy can walk around at 3am and nobody bothers him. This is about women being beaten up for the silliest of reasons. This is about a brother telling his sister if someone bothers her he can teach them a lesson, as if she cannot speak her mind or defend herself. This is about men telling women how not to dress so men wouldna��t cross the line. This is about women being blamed in one way or another whenever there is sexual harassment. This is even about women telling their daughters and sisters to do as told and not to anger the a�?man of the housea�?.
A�Ita��s obvious by now, isna��t it? This is about power.
A�The first step is to be aware that we are putting women in a second class citizenship category. Whether we do it intentionally or not, the result is the same. We, men, are not always aware that we put women on the sideline and are mainly taken by our worries and our needs. But, the minute we start seeing it is the minute we begin to make a change. Ita��s a long journey to change a mana��s mentality of a�?Ia��m the man here!a�? and to remove the connection of power and importance from this simple statement of being a man. And then, it comes down to personal effort and perseverance.
A�Change commences with one person. From now on, I will be one of those people.
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Les Femmes et la Guerre
Par Madeleine Gagnon
(VLB Editeur, Canada, 2000)
Un ouvrage certes non récent, mais dont le message est encore d’actualité, et qui touche les femmes au Moyen-Orient victimes d’innombrables guerres. Madeleine Gagnon en a rencontré entre autres en Israël-Palestine et au Liban. Ces femmes ont perdu leurs proches. Nombre d’entre elles ont en outre subi sévices et abus commis par l’ennemi: viols, tortures, maisons détruites, etc.
En effet, de nos jours, les conflits armés sont beaucoup plus susceptibles de faire des victimes parmi les civils que les soldats. 70 % des pertes causées par des conflits récents ont été enregistrées parmi des non combattants, dont la plupart sont des femmes et des enfants.
Selon un rapport du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme:
“Si les femmes ont toujours été victimes de la guerre, dans les conflits récents, elles ont été systématiquement la cible de violences sexuelles et autres atrocités. Là où ces méfaits ont été perpétrés, ils n’ont pas été documentés et leurs auteurs sont souvent restés impunis. En outre, malgré les nombreuses initiatives menées par des femmes pour prévenir ou faire cesser un conflit, ou pour se remettre de la guerre, celles-ci ont rarement accès aux structures du pouvoir politique et sont écartées des négociations officielles de paix, en dépit de la résolution du Conseil de sécurité 1325 sur les femmes, la paix et la sécurité adoptée en 2000.”
Mais au-delà des actrocités des guerres où les femmes sont souvent prises pour cible, ce livre parle d’humanité et d’amour. Madeleine Gagnon est témoin de l’horreur mais aussi du courage. C’est avec ferveur et compassion qu’elle raconte ces femmes dont plusieurs lui ont dit: “Parlez de nous pour nous sauver”.
Selon Evelyne-Ledoux Beaugrand:
” Ceux pour qui les femmes sont garantes d’un avenir meilleur n’ont peut-être pas tout à fait tort, même si, bien sûr, le gage de transformations qu’elles représentent ne repose ni sur une pulsion de vie qui serait, chez elles, plus forte, ni sur un pacifisme intrinsèque à leur sexe. Si les femmes possèdent effectivement la capacité de mettre un terme à certaines violences, d’arrêter la perpétuation de la haine, c’est parce qu’on retrouve chez elles l’envie de dire et de parler, le désir de panser leurs plaies avec des mots. Il est frappant de voir que tous ces pays en guerre, dont quelques-uns sont touchés de façon cyclique depuis des siècles, ont négligé le rôle primordial que joue la parole dans la guérison des blessures laissées par les conflits. Liliane, au Liban, souligne qu’il ‘n’est aucun lieu de rencontres pour les femmes et les hommes qui voudraient reconstruire l’humain, […] aucun lieu de parole où les gens pourraient se libérer des violences, des haines, des remords’. Et le Liban ne fait pas figure d’exception au côté des autres pays où l’on ne recense pratiquement aucun « psychologue de la parole » et où « le grand livre du sommeil, avec son cortège de fantômes criant vengeance», livre qui pourtant pourrait aider à mettre en mots — à abréagir, dirait Freud — les désirs mortifères, doit « rester hermétiquement clos ». Les rares lieux de paroles, souvent créés par des groupes de femmes, sont massivement investis par ces dernières qui trouvent là « le fou désir de vivre et de continuer ». Même si parfois leurs paroles ne servent qu’à répéter leur incompréhension et ne permettent pas d’expliquer le conflit — tâche par ailleurs impossible —, la mise en mots de la pulsion de mort qui les habite a, à tout le moins, l’avantage d’éviter sa mise en acte. C’est d’ailleurs cette violence, nous rappelle Madeleine Gagnon, celle que l’on porte tous en soi, qu’il faut d’abord affronter (…)”.
[hr]
Pour plus d’informations concernant Madeleine Gagnon:
Retire tes sales doigts!
« Je veux faire du vélo dans la rue, sans être la proie d’un regard outrancier, grossier, dénudant, sans entendre des sifflements humiliants, des mots provocateurs, usurpateurs des droits de mon corps », répète Hiba dans une rue du Caire, ou ailleurs. Hiba signifie le don du divin, et tout don est sacré. On profane mes formes,hublot replica watches ma silhouette, mes atours, belle ou laide, c’est mon corps, « Retire ta main ». Je veux prendre l’ascenseur en toute tranquillité sans trembler de la tête aux pieds, sans qu’un inconnu aux mains incongrues s’immiscent sous mon jupon ou s’agrippent à mon pantalon, je ne veux plus de ses paroles que j’aurai voulu entendre dans une situation tout autre, loin de la peur, loin de la souillure, des mots qui auraient pu être des mots d’amour, des mots tendres, des « dis-les moi encore » dans un susurrement que je chercherai moi-même mais que je récuse fortement quand ils sortent de la bouche maculée d’un voyeur devenu violeur, je veux reprendre mon poste de secrétaire, de modeste employée qui ose se faire propre et agréable à regarder, sans être la cible des doigts velus noircis par l’intention d’un dominateur mâle, c’est très mal. Rendez-moi ma dignité, respectez ma féminité, c’est mon droit originel, premier. Quand on touche à ma chair, on touche à mon essence, à mon âme. Rendez-moi mon corps et le droit à la parole. Liberame!
[hr]
BIOGRAPHIE
Mona Moukarzel, née au Metn, est diplômée en Lettres arabes et Lettres françaises de l’USJ, et détentrice d’un diplôme en espagnol DELE. Elle a reçu, entre autres, le prix de la francophonie « Printemps des Poètes » en 2003 et le prix d’Excellence « Forum Femmes Méditerranée de Marseille ». Elle a traduit la trilogie poétique de l’ambassadeur du Chili au Liban Pedro Barros et a également participé au film « Et maintenant on va où ? » de Nadine Labaki.
BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE
Miroir, Editions Dergham (2007); Entrelacs, Editions Dergham (2008); Dé/couvertes, Editions Dergham (2010)
Pour plus d’informations: Salon du livre de Beyrouth; L’Orient Littéraire
Victim no More!
I lived in Cairo for many years. I met a ‘decent’ guy and we married three months after dating. At first, he was caring and loving. However, he became little by little extremely violent, both psychologically and physically. I became what is defined in Psychology as a ‘victim’. I was harmed and let myself being harmed. It was either for a matter of ‘half empty fridge’, or my ‘special style’, or even my way of talking to others… Every detail was used as an excuse to be humiliated, oppressed, beaten… I accepted repeated abuse without knowing at first that I could end this situation whenever I wanted.
I made the choice every day to stay. It took me quite a while to acknowledge the act of choosing to be in the path of chronic victimhood and the power to choose otherwise; to distinguish a closed fist from an act of love. There is always a choice, even if it is an unpleasant one. It took me a while…
It seems tantamount to say that I deserved the abuse and that I wasn’t a victim. No one deserves to be beaten, physically or psychologically. And the person wielding the fist doesn’t escape criminal blame so easily. Even when one feels impelled to accept abuse for whatever reason – having young children and no means to support them, fearing for one’s life if one leaves, fearing the unknown, etc. -, one does not deserve to be battered. Victim no more…
سبل الشفاء من عوارض المرأة الخارقة
من هي المرأة الخارقة؟
- – تطمح إلى أن تكون الفتاة الصغيرة الجيدة.
- – تميل إلى أن تكون لطيفة مع الآخرين.
- – تحاول أن تلفت الأنظار.
- – تريد أن تشعر أنها تقدر أن تقوم بكل شيء في آنٍ معاً.
- – لا تستطيع أن تقول “لا” لأَِحد.
- – تريد أن تشعر أنها أنجزت أشياء مهمة.
- – لا تُقَدر نفسها كما تستحق.
كيف السبيل للشفاء من عوارِض المرأة الخارقة؟