La jeunesse libanaise, entre cultures de la guerre et de la paix

Alain Moussallem, Graffiti en direct, USEK – Liban, 12-09-2013 (‘Anti-mentalité de guerre’)

Y aurait-il UNE jeunesse libanaise? UNE culture que celle-ci véhiculerait?

Les recherches quantitatives et qualitatives que j’entreprends auprès de jeunes universitaires et d’activistes en ligne et-ou dans des ONGs, notamment depuis 2004, révèlent une diversité d’identités, de conceptions et de pratiques.

Parmi les innombrables questions posées à plus de 3000 étudiants-es dans trois universités libanaises, une en particulier reflète cette diversité: Seriez-vous pour la guerre ou la paix?

En effet, 70% ont répondu: POUR LA GUERRE! Un pourcentage alarmant dans un pays qui se meurt jour après jour, accumulant conflits, souffrances et mémoires meurtries. Bien que le concept de guerre pour ces jeunes soit commun – focus sur l’aspect physique (combats, violence physique, massacres, explosions, invasions …) -, 30% optent pour une guerre offensive ou défensive (dont 20% optent pour un visa comme premier choix), 15% sont partisans de ce que j’ai nommé le ‘mafichisme’ (il n’y a rien! ou l’autruche) ou la mentalité/attitude de déni, et celle du ‘badde 3ich’ (je veux vivre) doublée du ‘je-m’en-foutisme’. Enfin 10% veulent absolument quitter le pays et ne plus y retourner. Il est évident que j’insère les ‘passifs’ parmi ceux qui contribuent à ‘la culture de la guerre’.

Voici quelques témoignages de jeunes en ce sens:

•“Notre condition – la condition libanaise – est celle de la guerre. Notre histoire et notre destin”
•“Nous ne pouvons vivre ensemble. Nous n’avons rien en commun à partager. Il s’agit d’une lutte pour la survie. Que le meilleur gagne”
•“La stabilité du pays passe par la guerre”
•“Je n’ai pas d’espérance. Mon pays n’a rien à m’offrir. Je ne peux rien y changer. Je me casse”
•“Ma définition du bonheur? Un visa”
•“La guerre au Liban? Non… Nous vivons en paix”
•“Si on m’attaque, je brandirai mes armes. Et même si l’on ne m’attaque pas, je ferai une guerre préventive”
•“Je fais ce que me demande mon leader ou mon parti politique, même si c’est de combattre”
•“Le seul moyen de me défendre et de défendre ma famille passe par les armes, ou l’émigration”

Un autre point commun entre tous ces jeunes est leur ignorance de l’aspect psychique/psychologique de la guerre: traumatismes, souffrances, haines, tensions, propagande médiatique négative, absence d’une éducation à la citoyenneté et au dialogue, etc. La guerre n’est pas que physique, et la plus grande victime de toute guerre est la population civile. Le physique et le psychique s’alimentent, et ce cercle vicieux ne peut être brisé si l’on s’attarde uniquement à faire taire les canons sans guérir les blessures.

Il est vrai que des 30% de jeunes pour la paix, une majorité s’est contentée d’évoquer l’arrêt de la violence physique (Peacemaking) et le maintien de la sécurité (Peacekeeping). Une minorité (moins de 5%) souligna l’importance de tisser des liens au sein de la population et de revisiter le passé afin d’en tirer des leçons. Ceux-ci rejoignent en quelque sorte la définition d’activistes interviewés-ées dans le cadre de mes recherches, âgés-ées de 25 à 40 ans+, ayant connu et survécu aux combats physiques des années 70 et 80 du siècle dernier, et opéré une certaine catharsis individuelle qu’ils voudraient transférer au niveau national: la paix devrait être construite aussi par les divers acteurs de la société (Peacebuilding).

Les exemples de contributions individuelles et collectives à la construction de la paix sont nombreux. J’en présente quelques-un dans mon ouvrage ‘Voix-es de paix au Liban’ publié par Dar el-Machreq à Beyrouth en 2008. D’autres sont recensés tous les mois par l’Orient des Campus (voir les travaux de Roula Douglas notamment). Les informations abondent en ligne sur les associations et groupes de jeunes qui luttent pour la démocratie, les droits humains, la convivialité, etc. Les expressions culturelles sont prolifiques (musique, théatre, photographie, graffiti, design, cinéma, littérature…), ainsi que les blogs et autres plateformes virtuelles.
Zeid and the Wings, USEK, 12-09-2013

Néanmoins, comment expliquer l’existence d’un plus grand ‘espace’ de culture de la guerre ou la difficile croissance/prolifération d’espaces de culture de la paix au niveau national? La liste des obstacles ci-dessous est révélatrice:
•Crise politique locale et régionale
•Ingérences étrangères
•Crise économique
•Injustices sociales
•Inégalité des genres
•Limites du confessionnalisme (attitude/train de vie et système de gestion socio-politique des diversités)
•Déboires du mariage religion-politique et de l’instrumentalisation réciproque
•Corruption, système de za’ama, clientélisme…
•Crise environnementale et écologique
•Absence de mémoire nationale de la guerre, d’histoire commune et d’identité commune
•Prolifération des groupes/mouvements extrémistes
•Loi de la jungle, ‘oeil pour oeil, dent pour dent’, justice punitive individuelle/tribale
•Consumérisme et culture des apparences (parmi les effets de la globalisation)
•Propagande médiatique plus négative que positive (essentiellement médias traditionnels)
•HERITAGES FAMILIAL, + GENETIQUE ET EPIGENETIQUE + aires de la mémoire individuelle/collective
•Absence de débats publics et de participation effective des citoyens-es à la gouvernance
•Clash intergénérationnel (voix des jeunes rarement  appréciées)
•Individualisme à outrance

J’ajoute:
– Absence ou rareté de clubs culturels et de groupes lobbying pour les droits humains , la citoyenneté et la paix au sein des universités
– Absence ou rareté de cours obligatoires en milieu universitaire sur la Citoyenneté, les droits humains, l’histoire du Liban et du Moyen-Orient, le vivre ensemble et la paix
– Rares travaux de recherche et surtout en recherche appliquée
– Publications ‘élitistes’, non accessibles aux jeunes

– Phénomène du slacktivisme (ou l’activisme en ligne fainéant): “Ils protestent, s’indignent, font de bonnes œuvres, signent des pétitions, multiplient les clics ou donnent un tweet et tout ceci… du fond de leur canapé prostrés derrière leurs écrans”.  Certes,internet et les réseaux sociaux sont de bons moyens de mobilisation en masse et pour créer du bruit autour d’une cause, mais les clics (LIKE) ne sont souvent pas suffisants pour changer le cours des choses, même au niveau des mentalités.

– Phénomène de tours d’ivoire au sein de la société civile. La compétition est souvent malsaine et la coopération se fait rare.

Dr pamela chrabieh

Maya Khadra, Pamela Chrabieh, Roula Douglas et Wissam Maacaron – USEK, 12-09-2013

En conclusion, en dépit des obstacles tant internes qu’externes, on ne peut nier le fait que les luttes de jeunes pour la paix constituent le socle sur lequel peut être construit un meilleur avenir au Liban. Du moins, celles-ci démontrent que la société libanaise (dont sa jeunesse) n’est pas faite que d’affaissement socio-politique ou de suivisme à l’aveuglette, ni n’est à 100% léthargique et-ou violente. Elle est faite aussi de volontarisme et de capacité d’agir, d’espérance et de créativité.

Je cite ici Pierre Messmer et sa comparaison du Liban au Québec (ma deuxième patrie): “Les Libanais n’ont jamais cessé de résister pour conserver leur liberté et leur identité. Ils ont subi de nombreuses invasions, ils ont affronté les pires épreuves, ils ont maintes fois été menacés de disparaître mais ils n’ont jamais désespéré de leur pays (…). A l’instar des Québécois par exemple, les Libanais démontrent qu’un peuple qui ne se résigne pas ne peut pas mourir”.

 [hr]

Cet article est un résumé de mon intervention lors de la table-ronde ‘Cultures méditerranéennes au prisme de la jeunesse libanaise’ à l’USEK le 12 septembre 2012, organisée par l’Orient des Campus, et en collaboration avec l’Agence Universitaire de la Francophonie, et le Centre Phoenix des Etudes Libanaises.

 

Flowers on the Earth

Flowers on the Earth
Women are born…
We are born to a world of diamonds and gold… oppression, suppression, segregation, prejudice, control…….domination.
As women, we are pushed, shoved, tricked, swindled, abused, used, entertained, pacified…harnessed.
Pulled, prodded, bought, sold, exchanged, manipulated, followed, forgotten…..stolen.
We are paid less, we work more, and we run the worlds of men.
We fight to filter the endless messages of worthlessness which become all consuming if we do not follow strict guidelines of the status quo……the only measure that is used for our gender.
Our gender brings never ending offerings of masculine chauvinism…. a factory of clones, all wearing different war paint. War is waged on women and women are born to carry it.
Some of our kind received a counted voice, an acknowledgement….permission to shine.
So I chase my dreams, I follow my heart, honor my destiny, embrace my now…..I serve my Maker.

Woman’s true nature is a deeply guarded secret…..a mystery on the earth which is yet to be realized.
Some women never receive a looking glass…they fail to catch a glimpse of the grace which sustains them.
Weaving dreams, supporting destinies, designing choices……heart craft, home craft, our craft.
Sisters…..Daughters….Mothers…..Fathers….Sons….Brothers.

Fairy Tales!

I started to think about this subject a year ago when I used to read old stories and Disney tales to my daughter. Hungry wolves, bad witches, scary monsters, greedy giants, heroic princes and  beautiful princesses, living happily ever after in a castle, served by hundreds of maids and low-class workers… Old stories with themes and images like child abuse in Hansel and Gretel, horror in little red riding hood, social injustice and discrimination (poor versus rich) and sexism  in Cinderella, Snow White, etc. as the villains or victims are usually women. I found myself twisting these stories in order to be closer to our reality, and my own principles and aspirations.

Old fairy tales were not originally meant for children. They used to be entertainment for European peasants centuries ago, often at evening gatherings. They were the television and pornography of the day, the life-lightening trash of preliterate peoples – same with the 1001 Arabian Nights.. Of course, in those days, little distinction was made between adults and children. There was no notion of child innocence or the need to keep certain things away from young ears. Even when the French instilled morals in newly conceived nursery tots, the dark roots of the tales were never entirely expunged.

Fairy tales share a common logic: a hero’s journey in quest for a treasure – often a woman, who always seems to wait for her savior and focuses on her physical beauty. The qualities of a princess therefore are: to obey, be patient, pretty and calm, and certainly no PMS! According to Liz Grauerholz , associate professor of sociology at Western Illinois University: “Hearing these messages that were created by an old, patriarchal society may cause women, especially young girls, to withdraw from activities or careers, such as competitive sports or hard labor, because it is not part of being feminine. This continued emphasis on beauty is a way society controls girls and women. Women adopt behaviors that reflect and reinforce their relative powerlessness, which can lead to limiting a woman’s personal freedom, power and control.” Women are also more likely to fall in love with the wrong individuals, endure mistreatment and abuse.

Today, though things are different – even in Lebanon where you may find families expecting women to have the same hero’s journey as men, to live life as they choose, pursue a career, and do all the other things that men do -, patriarchal views prevail. Judicious examples are found in the mainstream images of the ‘Lebanese Snow White and Helen of Troy’: ‘slim and beautiful’, ‘sois belle et tais-toi’, ‘sleeping beauties’, ‘I need a hero’, …

Fairy tales aren’t ‘bad’ for children. They encourage imagination and creative thinking. They are part of popular culture and history (they provide information about a certain period), and in theory, sticking so closely to the hero’s journey should be a healthy thing to expose children to – a universal metaphor for the way their life is going to turn out and for the journey that they should feel a pull to embark on. It should encourage them to dream of leaving home, having grand adventures, and of growing and meeting new friends.

However, most fairy tales do not provide positive images about groups who are not white, middle-class/bourgeois or heterosexual. Many women end up waiting out for their Prince Charming, trapped in their “castles”, staying home with their parents until they meet men who could support them. And what about men? According to Elisabeth Danish: “For men there are rarely challenges as heroic as fighting dragons and the reality tends to be more along the lines of fighting deadlines and pushing pencils. This can lead to something like dissatisfaction for those whose lives do not pan out quite as they hoped and fairy tales might put too fine a point on this. Fairy tales also tend to focus very much on the hero’s journey – the coming of age – and don’t tend to give much space to what happens after the hero and the princess ride off into the horizon. What then?”

I am not saying that we ought to be overprotective and keep our children in a padded cell until they are teenagers, nor that romance is bad, but  before we subject our children to old and/or mainstream stories, we should examine their content and see what kind of impact they may be having. Better to expose them to different realities and create with them constructive contextual stories: one of the many positive steps needed for a change of mentalities in Lebanon.

La sexualité sacrée: tabou 'repensable'

Dr. Pamela Chrabieh
Dr. Pamela Chrabieh
2013, Lebanon

Quelle ne fut leur surprise en découvrant que le monde hindou regorge d’un mélange de plaisirs sexuels et de croyances religieuses, de servantes des dieux (les devasdasi) appartenant à un époux divin qu’elles étaient tenues de divertir et, pour que la jouissance soit parfaite, de combler charnellement – mais leur divin marie étant par nature absent, c’était à ses invités qu’elles devaient offrir un avant-goût des plaisirs qui les attendaient dans l’au-delà, après la mort.

Quelle ne fut leur surprise lorsque je leur présentai des images de la Mésopotamie où la sexualité était tout à fait naturelle, où les babyloniens lui portaient un regard décomplexé. Dans la célèbre Epopée de Gilgamesh, n’est-ce pas une prostituée nommée Lajoyeuse qui va civiliser l’un des protagonistes, le faisant passer de l’état de bête à celui d’homme par son art de l’amour ? La mythologie des Sumériens, qui furent parmi les premiers habitants de la Mésopotamie, relate notamment que le dieu Enlil, l’une des divinités suprêmes du panthéon, poursuivit de ses assiduités la jeune déesse Ninlil, la viola et la mit enceinte. Puni par l’assemblée des dieux, Enlil ne se priva pas de recommencer.

Et que penser des amours de la déesse Inanna, plus tard Ishtar, puis rattachée à Aphrodite ? Divinité féminine la plus importante en Mésopotamie, elle règne sur l’amour physique, charnel et passionnel. Déesse torride, insatiable dans ses ébats, harcelant sexuellement mortels et immortels, demandant à l’homme de son coeur de “labourer sa vulve”…

Que ne fut leur surprise lorsque mes étudiants-es eurent vent de certaines prières adressées à Ishtar par ses fervents adorateurs afin de parvenir à leurs fins, montrant qu’à cette époque, plaisir sexuel et sentiment religieux n’avaient rien de contradictoire.

L’hiérogamie ou le mariage sacré, fut d’ailleurs un rite religieux important aux IIIe et IIe millénaires avant notre ère. Censé mimer les amours d’Ishtar et de Dumuzi ou Tammuz, il avait lieu lors de la fête du Nouvel An, s’incarnant en une rencontre charnelle entre le roi et la prêtresse de la déesse ou une hiérodule ; rencontre censée apporter fertilité au peuple et au pays. Gage de récoltes abondantes et approbation du pouvoir du roi par les dieux.

La sexualité sacrée fut interdite par la suite (dans certains cas, progressivement), notamment par les trois monothéismes (Judaïsme, Christianisme et Islam). Elle devint même ‘tabou’. Certes, selon Patrick Banon: “les tabous n’ont pour objectif que de tisser un lien entre les hommes, et une frontière entre humains et animaux. […Ils] font partie de l’idée même d’humanité. Ne les regardons pas comme des rites venus d’un autre âge, mais bien comme des aide-mémoire destinés à nous rappeler que nous sommes, avant tout, des êtres humains embarqués sur la même arche de Noé”. Toutefois, lorsqu’un interdit/tabou encourage l’inégalité entre les hommes et les femmes, ou la supériorité d’un peuple sur un autre, ou croit pouvoir décider qui peut vivre ou doit mourir, ou perpétue l’injustice et la violence, alors cet interdit/tabou est “factice”!

Aujourd’hui, au Liban et dans la plupart des pays du sud-ouest asiatique (Moyen-Orient), les interdits/tabous concernant la sexualité des femmes, et la sexualité en relation au sacré notamment, sont beaucoup plus nombreux que les espaces de liberté et de pensée critique. Parler ouvertement de sexualité relève de l’impensable… Ouvrir le débat sur le sexe et les religions en relisant le passé pour mieux comprendre le présent est un chemin parsemé d’embûches… Chose que je fais ici évidemment, ainsi que d’autres femmes, chacune à sa manière, luttant sous  la chape de plomb, et au-delà…

The Gravest Sin

The Gravest Sin
You declared
Endless adoration,
Now you kneel
Seeking salvation.
And the gift
I bestowed on you
Is now penance’
Sacrificial ewe.
Down it sinks
Casket in the soil.
The pious infidel
Pleads in turmoil,
While luring Eve-
Past sagacious, present fool,
Am your mirror;
The reflection of your soul.
Watch the coward then,
See him run
And see me fall.
The feeble hero
To his Maker
Withdraw.
Watch me lure, entice
Then resign
To a fate of cruel design.
Gone my limb, part of my whole.
Tore the script and altered his role.
Promises retracted…
Words recanted…
Making amendments to his God,
The Ten Commandments he forgot
While in passion was consumed.
As for me?
I’ll sketch my path to Hades’ loft,
And bear the wrath to which I’m doomed.
But Carnal Love was not our sin;
Lovers’ lust is sanctioned.
Hypocrisy brought forth your ruin…
Mine?… just blind devotion.

Etre, Avoir, Penser, Vivre

Dr. Pamela Chrabieh
Dr. Pamela Chrabieh
2013, Lebanon

Le Liban est en crise, une crise multiforme, et surtout,  philosophique et spirituelle. Celle-ci renvoie à des interrogations universelles : qu’est-ce qui peut être considéré comme un progrès véritable ? L’être humain peut-il/elle être heureux/se et vivre en harmonie avec autrui dans une civilisation construite autour de l’idéal de l’avoir ? Sans doute pas… Nous traversons une période cruciale où des choix fondamentaux doivent être faits, sans quoi le mal ne fera qu’empirer.

L’être humain désire sans cesse posséder ce qu’il n’a pas, quitte à le prendre par la force chez son voisin. Le désir de possession est par nature insatiable. Et il engendre de la frustration et de la violence. Le principe de la société de consommation est de créer un besoin chez une personne dans le but de l’amener à se procurer un produit dont le caractère indispensable est généralement très discutable. Elle joue donc, par le biais d’outils, sur les besoins fondamentaux secondaires de l’être humain : l’appartenance, l’estime et la réalisation. L’accomplissement d’actions intentionnelles étant une composante fondamentale du bonheur, l’individu se sent heureux lorsqu’il comble l’un des besoins que lui a suscité le monde dans lequel il vit. Peu importe que ce besoin ait été construit de toutes pièces, le fait qu’il soit commun à une multitude de personnes suffit à en faire une envie incontournable. Dans un monde où nos besoins primaires (boire, manger, être en sécurité) sont généralement remplis, chaque nouveau produit peut procurer une injection de bonheur et de bien être en comblant un vide qui n’existait pas 6 mois plus tôt.

C’est le paradoxe d’Easterlin : le bonheur généré par une richesse plus élevée est éphémère (au bout de deux ou trois ans, deux tiers de la satisfaction née de l’abondance s’évanouit. L’effet est sensiblement comparable à celui que procurent les drogues dures dont la quantité n’est jamais suffisante). On s’aperçoit en effet que l’appropriation régulière de biens devient en elle-même une habitude, et que seule une augmentation de notre capacité à nous procurer des biens peut à terme booster notre véritable bonheur intérieur. Que ce syndrome de dépassement constant soit individuel (j’en veux toujours plus pour moi-même) ou partagé (j’en veux toujours plus pour être mieux que mon voisin), il n’apparait pas viable à long terme (ne serait-ce qu’à l’échelle d’une vie) pour toutes les raisons citées par les détracteurs de l’idéologie consumériste (destruction de l’environnement, inégalités sociales, limites de l’intérêt d’une vie basée sur la surconsommation uniquement).

En soi, consommer des biens n’a rien de mal, ne rend pas idiot ni mauvais. Une telle idéologie a peu de chances de rendre heureux sur le long terme, mais elle ne rend pas malheureux. L’aspect critiquable de la consommation, c’est sa capacité à masquer les véritables sources de notre bonheur durable et à s’octroyer l’ensemble des ressources qui auraient pu nous donner accès à un véritable épanouissement.

L’être humain a besoin d’entrer dans une autre logique que celle de l’avoir pour être satisfait et devenir pleinement humain : celle de l’être … Apprendre à se connaître et à se maîtriser, à appréhender le monde qui l’entoure et à le respecter… Découvrir comment aimer, comment vivre avec les autres, gérer ses frustrations, acquérir la sérénité, surmonter les souffrances inévitables de la vie, mais aussi se préparer à mourir les yeux ouverts.

Dans Socrate, Jésus et Bouddha, le philosophe Frédéric Lenoir montre que ces « trois maîtres de vie » (selon l’expression de l’auteur) ont eu pour caractéristique de ne jamais enfermer leur enseignement dans une conception close et dogmatique : leur parole vivante a ainsi pu traverser les siècles et produire dans diverses cultures les effets qu’on sait. Ils nous disent tous les trois que chacun d’entre nous est appelé à chercher la vérité, à se connaître dans sa profondeur, à devenir libre et à vivre en paix avec nous-mêmes et les autres. Jésus et Bouddha parlent d’égalité de tous les êtres humains, de l’affranchissement de l’individu par rapport au groupe ou à la caste, de la recherche de la vérité ou bien de la nécessité d’incarner les principes qu’on prêche dans une existence et une manière de vivre. Socrate apprend aux Athéniens à se soucier d’eux-mêmes, Jésus met le souci de l’individu au-dessus de la Loi, et Bouddha remet en question le système des castes en insistant sur l’importance d’être relié à soi par la méditation et l’intériorité.

Une vie réussie, pour Socrate, ne se mesure pas à l’aune de critères sociaux : ce n’est pas parce qu’on a réussi dans la vie qu’on a nécessairement réussi sa vie. C’est-à-dire que le but d’une vie ne doit pas consister en la recherche de l’argent, du pouvoir, des honneurs ou de la célébrité mais dans la pratique de la vertu, non dans l’enrichissement extérieur mais intérieur. A l’instar de Jésus, Socrate avait défendu ses idées jusqu’à être mis à mort par la cité parce qu’il constituait un trouble trop grand à l’ordre social.  Alors que Confucius propose une philosophie ou essentiellement une morale qui a pour but de préserver l’ordre social en soumettant l’individu au groupe ou à la case et non de le libérer. C’est le sens des grandes thématiques confucéennes : respect des ancêtres, piété filiale, obéissance aux aînés et aux lois, patriarcat, etc.

Lenoir oppose « maître de vie » à « maître de penser » – mais à mon avis, les deux ne sont pas contradictoires ; ils sont même complémentaires. Pour Lenoir, Kant par exemple est un maître à penser. Même s’il  a vécu une vie conforme à ses principes, l’ambition première de sa démarche philosophique est avant tout spéculative, discursive et systématique. Cette distinction entre la vie et la pensée est une distinction moderne. Socrate, lui, refuse de se faire payer, contrairement aux sophistes et montre un souci constant de la justice dans ses discours et dans ses actes. Bouddha a fait l’expérience de l’éveil et proposa de conduire chaque être humain vers cette expérience. Quant à Jésus, sa vie est d’une exemplarité sans faille.

Lenoir oppose aussi « maître de vie » à « maître spirituel » – chose que je ne fais pas non plus ! Pour lui, cette expression indique une optique spéculative et fait penser à des exercices de méditation par exemple. Toutefois, à mon avis, on peut être spirituel tout en étant dans le concret de l’existence et des choix de notre vie. La spiritualité, moyennant diverses voies, ne coupe pas forcément du réel. Elle nous permet de mieux nous y inscrire.

Vivre est un art… Un art de l’être, beaucoup plus que de l’avoir, un art de la recherche de la balance entre l’intérieur et l’extérieur, qui s’apprend en interrogeant les sages et en travaillant sur soi : apprendre et enseigner des idées pour comprendre le monde et le faire comprendre, et aussi nous éduquer sur le chemin de la vie, apprendre à discerner, à hiérarchiser les valeurs et les priorités de notre existence ! Et les sources de bonheur durables ? Tout simplement, des expériences de vie comme des rencontres, des émotions, des joies, des peines, des peurs, des découvertes, des débats endiablés, … Ce qui nous fait sentir vivants, qui ne nous vide pas de notre caractère ni de notre humanité !

أيقظوا ضمائركم

توقّف الزمن عندها يوم فُقِد، كل السنوات التي مرّت لم تغيّر صورته في خيالها، صورة الشاب الذي كان يملأ البيت بحركته. تدخل غرفته كل صباح لعلّها تجده نائمًا فتحاول إيقاظه ليرفض هو ذلك وتستمر هي في المحاولة حتى تنجح. ولكن الغرفة خالية، والفراش باردٌ لم يزره جسد انسان منذ سنوات. تقف، تنقّل نظرها في زوايا الغرفة، عبثَا تبحث عن أثرِ لمروره إلى أن يعتريها التعب فتخرج من الغرفة لتزورها في اليوم المقبل…

تلك أمٌ تعيش على أمل عودة ابنها ذات يوم…

          يتوسّط اسمها الأول واسم عائلتها اسمٌ لرجلٍ لم تعرفه، كانت طفلةً يوم انقطعت أخباره. كم راقبت رفاقها، لكلٍّ منهم والد. أمّا هي، فلم تعرف والدها يومًا. وحدها صورةٌ معلّقةٌ له في المنزل تُثْبِت لها أنّ من أخبروها عنه كان موجودًا فعلًا. لم تحصل يومًا على جواب عند سؤالها عنه، لأن من تسألهم لا يملكون الإجابة. فعائلتها تبحث عن الحقيقة وتسأل عن مصير الوالد مثلها…

تلك ابنةٌ لم تفقد الأمل برؤية والدها يومًا…

          لم يمضِ على زواجهما الكثير لتجد نفسها وحيدة، حبيبها وزوجها خرج ذات يوم ولم يعد. رفضت فكرة اصدار شهادة وفاة قبل التأكد من مصيره. كانت تسارع إلى زيارة كل انسان تعلم أن لديه معلومة عن مكان وجوده. أرادت أن تستعيده حيًّا أو ميتًا، فتلك هي العدالة بالنسبة إليها…

تلك زوجةٌ تريد معرفة مصير زوجها…

أمٌ، ابنةٌ، وزوجةٌ، وغيرهنّ الكثير من أهالي المفقودين اللبنانيين منذ عام 1975. أهالٍ مطلبهم الأول “معرفة الحقيقة”، معرفة مصير الشخص المفقود، والبحث عنه، واعادته. مأساتهم أنّهم في وطنٍ لم تعد للانسان فيه أي قيمة. فبحسب اللجنة الدولية للصليب الأحمر لا قائمة رسمية وكاملة بأسماء الأشخاص المفقودين في لبنان، إذ تشير بعض الأرقام المعلنة المذكورة غالبًا إلى تقرير للشرطة يعود إلى عام 1991 أفيد فيه عن تسجيل أكثر من 17000 حالة اختفاء، ولكن هذا الرقم ظلّ مثار جدل.

أمّا السلطات فموقفها يتراوح بين التعهّد بالنظر في القضية، وتقديم الأجوبة، والدعم للعائلات، وبين الوعود، وتجديد الوعود. فلقد أُنشئت ثلاث لجان مختلفة لمعالجة الموضوع، ولكن لم يُحْرز للأسف حتى الآن أي تقدُّم ملموس يساهم في كشف مصير الأشخاص المفقودين ومكان وجودهم أو في تلبية حاجات عائلاتهم.

          الوقت يمرّ ثقيلًا عند الانتظار، والأهالي في انتظارٍ دائم لخبرٍ عن أحبائهم إن كان سعيدًا أم حزينًا. ولمن يعتقد أنّ معاناة البلد من مشاكل جمّة يعتبر سببًا يحول دون قيام مسؤوليه بمعالجة قضية المفقودين، فذلك ليس عذرًا. ما برح سياسو لبنان ومسؤوليه بتأجيل المشاكل ومراكمتها منذ سنوات وذلك لم يؤدِ سوى إلى بروز مشاكل جديدة وتضخّم القديمة. فرأفةً بالأهالي من آباءٍ وأمهاتٍ وأولادٍ، أيقظوا ضمائركم !

نور زاهي الحسنية

Conversations these days?

Bloo Rose Red Lips High HeelsAvoiding the traffic and the stressful driving in Beirut, I always attempt to take a cab to work, college, and anywhere I’m going.

In my architectural engineering studies, Public Transportation was one of the advanced courses I had to research, arriving to the result that the Lebanese public transportation system needs a total makeover, and the number of cars in this country equals the one in Spain.

Check the map; compare.

As a Muslim woman who wears the veil, wide clothes and respects herself, I was always surprised by how men can be acting in such a dirty way just because they can.

Now socially, in the cab/van/bus, sometimes you get the old talkative driver, who’s telling you about his youthful life. Other times you get the quiet frowning man who probably had a long hot day.

And sometimes, you get the perverted loner who flirts, stares, and actually harasses you.

The conversation started that day, as many others, with the following:

“Mlle, are you engaged?”

-Pause-

 

Since I learned to never say I’m single, I always review the scenarios of when drivers tried to propose, and sometimes locking the door so we can still talk, or not allowing me to go down to keep on the conversation.

What I usually do is smile – so that they wouldn’t get mad or try to stop me and going into a worse scenario- tell them I’m going out and walk away, sometimes trying to make a scene that I want to get out but the door won’t open so that people would notice. The driver is forced to let me go.

 

Once, a driver asked me whether I was engaged or no, and I told him “yes”. He looked back at me in the mirror and said “but you’re not wearing a ring. Why are you lying to me?”

And it led to a different conversation and that  ‘No I don’t want to be engaged with you because I just want to go home and I’m tired. So let me go.’

 

Back to reality-

 

“yes, sir. Soon I will be”

“Aaah…You love him?”

“Yes, sir. I love him a lot.”
“You know why men cheat on women, mlle?”

What I said was exactly: “la2enno mish kefyitlo 3ayno, w la2enno—“
He didn’t let me finish, didn’t let me explain that I blame men for wanting women instinctively, he just said:
“eh la2enno el shabeb bi7ebbo el jens. W iza el mara ma badda tkaffiyon bisiro yettala3o 3a ghayra”
At that moment I wanted to leave the car. But it took me 20 min already to get a cab since the streets now are empty due to the bad situation in the country, and I was late to work.

I thought I’ll ignore it, and leave in a few minutes when I’m close enough to walk.

He kept talking about how men want sex. How he was married for 7 months and got divorced. And asked me: “once you get engaged, don’t you want to show your body to your man? Don’t you want to have him all seduced?”

I answered: “This is getting private. I don’t want to discuss this please”

Yet he kept talking. And asking me. And I wasn’t answering. Or avoiding the subject with something else.

I ended up leaving the car a bit before I reach the place and I just walked with one idea in my head: are these the conversations men think about these days?

باميلا شرابيه: ما لا يقتلك يجعلك أقوى

Dr. Pamela Chrabieh
Dr. Pamela Chrabieh
2013, Lebanon

My interview (El Nashra Finance) about Red Lips High Heels and Women’s Rights. 

Excerpts: 

– هل واجهت صعوبات خلال مسيرتك المهنية؟

 
واجهت الكراهية نحو النساء، الضمنية والواضحة، اضافة الى التمييز على أساس الجنس، وليس فقط كناشطة، ولكن أيضا باعتباري أكاديمية في المجال الديني والذي يعتبر، في بلدنا، ومنطقة الشرق الأوسط،  حكرا على “رجال” الدين.
 
– ما الذي ساهم برأيك في نجاحك؟
 
أهم ما ساعدني على المضي قدما في حياتي المهنية هو إرادتي، وتجاربي الحياتية، وكفاءاتي، والقدرة على معرفة حدودي، والوقوف على قدمي عندما أقع، فما لا يقتلك يجعلك أقوى. اضافة الى الرغبة الشديدة في احداث فرق، خاصة في موضوع المعاناة الإنسانية، فهدفي هو ضمان مستقبل أفضل، وتقديم الدعم المعنوي لقرائي وطلابي.
 
– ما هي المعوقات التي تقف حاجزا أمام تقدم المرأة اللبنانية؟
 
الحروب والاضطرابات السياسية والأزمات الاقتصادية والظلم الاجتماعي، تؤثر على وضع المرأة، اضافة الى الانحطاط الفكري، والعقلية الذكورية. فالمجتمعات الذكورية تصر على أن يكون مثلا رؤساء الدول ذكور، وكل صناع القرار وأصحاب المراكز من الذكور أيضا. كما تسود بعض المعتقدات أنه من السليم في المنزل أن يأمر الرجل والمرأة تطيع.
 
– هل تعتقدين أن وضع المرأة تقدم اليوم؟
 
لا يمكن إنكار التقدم المحرز منذ بداية القرن الـ20، مع المبادرات المحلية والتحركات النسائية، والمنظمات والجمعيات. ومع ذلك، لا يزال لبنان في المراتب الأخيرة في تصنيفات دول العالم، في مجال حقوق الإنسان، وحقوق المرأة. فالوضع الحالي للمرأة اللبنانية هو بالاجمال العيش في إطار من التمييز والقهر.
 
– هل تظنين أن قانون حماية النساء من العنف الأسري الذي أقر مؤخرا في لبنان سيقلل من عدد النساء المعنفات؟
 
لا أعتقد أن هذه النسبة ستنخفض ان لم يكن القانون مصحوبا بالتربية الأسرية والتربية الوطنية حول حقوق الإنسان، وبرامج تمكين المرأة اقتصاديا وسياسيا في المدن والمناطق الريفية، وعقلية الانتقال من ثقافة العنف إلى ثقافة السلام، وإعادة تفسير العديد من القوانين الدينية المتعلقة بالأحوال الشخصية اللبنانية، وإصلاح النظام الاجتماعي والسياسي القائم، وتطبيق القانون بطريقة صحيحة أي عدم اغراقه بفساد الرشاوى والمحسوبيات.
 
– في النهاية بماذا تنصحين المرأة اللبنانية؟
 
هناك نساء يحلمن بأن يكن ربات منزل، وأخريات يجمعن بين الحياة المهنية والحياة العائلية والأمومة، كما هناك من يفضلن التركيز على مهنتهن فقط. في جميع هذه الحالات، من الممكن للمرأة أن تنجح، طالما أنها هي من اختارت الطريق بحسب قناعاتها الخاصة، وليس تحت ضغط الأسرة أوالمجتمع أوالتقاليد الدينية.
لذلك أقول للمرأة، أيا كان اختيارك، لا تستسلمي وطوري ثقتك بنفسك لتحقيق أهدافك. أوقفي تخريب ذاتك، وفكري بتوظيف هذه الذات. ما عليك الا أن تؤمني بقدراتك كي تحصلي على ما تريدينه.
 

Calling out the Trivialization of Death before it’s too late!

Explosions, massacres, sectarian and political conflicts, WAR …

Men, women and children, being mowed down without a thought of remorse…

Counting dead and wounded people on a daily basis…

No stories, no names, just numbers…

Forgotten…

Do we (most of us living in Southern Western Asia i.e. the Middle East) have a dysfunctional view of death?

Many used to (and still) ignore death. However, there is a major problem when death is not only ignored but trivialized! Local television channels take us from tragedy to happiness all inside an hour; as if human suffering was no big thing and grief just a momentary bump on the road.

Remember the story of Jonah in the Bible? It seems strange that a preacher would be angry that his listeners repented of their sin (4:1-2). But that is exactly Jonah’s reaction to the Ninevites’ repentance. He knew that the merciful God would spare them if they repented, and he wanted them destroyed for several reasons – enemies of Israel; satisfaction of his own sense of justice; legitimization of his prediction of their city’s destruction … Jonah ran away right into the belly of a great fish when God asked him to go preach to the evil Ninevites. Is Jonah a trivializer? He did take the potential death of the Ninevites lightly. He trivialized their death.

When people were killed in the southern suburbs of Beirut, many Lebanese were either partying or offering Baklava. When people were killed in Tripoli, many thought they deserve it. Every day people die in Syria and Iraq. Human rights’ organizations lost the count. UN officials ‘condemn’ and… Nothing!

Many much too quickly accept the deaths of ‘others’ – ‘different religion, sectarian community, political affiliation, social class, ethnic identity’.  They make their death trivial. But what they don’t seem to understand, is that death concerns us all, it hurts deeply and stays with us. Pain following tragic death does not disappear and its memory stays alive for decades and centuries. A perfect example? The Sunni-Shia schism and the commemoration of Imam Hussein and his companions’ massacre.

Yes, death can be handled and joy be experienced again. According to major Christian traditions, death is a defeated enemy, through the Resurrection of Jesus-Christ, but the metaphysical question surrounding death is somehow disappearing.

 “On television, death is presented as a thrilling spectacle tailor-made for alleviating the general boredom of life. In the last analysis, of course, the covert aim of this reduction of death to the status of an object is just the same as with the bourgeois taboo on the subject. Death is to be deprived of its character as a place where the metaphysical breaks through. Death is rendered banal, so as to quell the unsettling question which arises from it … The repression of death is so much easier when death has been naturalized. Death must become so object-like, so ordinary, so public that no remnant of the metaphysical question is left within it.” Eschatology: Death and Eternal Life. Joseph Ratzinger. pp. 69-72.

Indeed, the horrors of massacres and torture are treated as a curiosity, reduced to punch lines, along with love, sex, religion, education, human and civil rights. How sacred is life when murderers and haters are promoted on TV? There used to be a time when genocides had shock value – ‘NEVER AGAIN’ following Jewish extermination by Nazis??

Do Lebanese have a sense of what is important? I honestly think many don’t – quoting Gary Hardcastle, co-editor of ‘Bullshit and Philosophy’: “Our culture, or at least our nation, is becoming more trivial, less concerned with what matters, by the hour”.

Trivialization of death is an old belief, found in different cultures and civilizations, and those who wage battle against it have a hard time doing so. In 1983 ‘Trivializing America: The Triumph of Mediocrity’, Norman Corwin stated: “It’s easier to think loosely about unimportant matters. People tend to think about football, the news, the weather and their budgets before they think of the important things”.

And it’s easier to tear down than to build up.

If the norm is to always search for the next stimulus and not to sit back and think/rethink about important matters, if the trend is to reduce life-and-death questions to “bumper stickers”, to cheapen complexities, to “muffle social criticism”, our societies won’t only be “stagnant” and “confused”, “irrational” and “scandalously uninformed”, but more… doomed!

[hr]

Image sent by Omar Msaddi.