Dans ce paradis lointain, paradis des couleurs
Vivait Amad le noir
Entouré d’animaux
Fleurs et fruits tropicaux
Une nature exotique s’y trouvait
Verdure, sur le sol, tapissée
Un soleil jaune, parfois orange
Un ciel bleu où régnaient les anges
Des cascades, des rivières
En été, comme en hiver
Tout était en couleur.
Apparut en ce jour, entre les buissons
Une femme. Teint blanc. Yeux bleus, cheveux blonds.
Amad l’aperçut
Et par sa beauté fut ému
Il s’approcha pour la voir de près
Elle fut surprise par la présence de l’Etranger.
Qui es-tu ?
Lui demanda-t-elle, après l’avoir vu
Moi, je suis Eva
Et toi, créature noire, que fais-tu là ?
Blessé par ses mots
Il reste silencieux et regarde vers le haut
Le ciel reflète sa tristesse, son image
Il s’assombrit et apparaissent les nuages
Je suis humain
J’ai des yeux, des mains
Un corps comme le tien
Mais de caractères masculins
Une créature, je ne suis point.
Eva se noie dans l’indifférence
Et reste choquée par cette apparence
L’hymne des sifflements s’accentuait
A cet instant-là, un serpent apparait
Enroulé sur la branche d’un pommier
Amad, sers-toi de cette délicieuse et appétissante pomme
Celle-ci te rendra aussi beau qu’Eva, cher homme
C’est ainsi que tu seras maître de toutes générations
Tu ne seras plus déçu et c’est une promesse, mon garçon.
Il n’hésite pas à prendre la pomme entre ses dents
Il avale le remède proposé par le serpent
Eva, prisonnière de la tentation
Devient complice, de la même façon
Le Mal ôte son masque en ricanant
Derrière ce déguisement se cachait Satan
La force créatrice est folle de rage
Elle envoie un immense orage
Tempête, cataractes, tonnerres
Entre le bien et le mal, c’est la guerre
Amad et Eva sont tombés dans le piège
Le juge est sur son siège
Ils sont condamnés à vivre en dehors du paradis
Sur un territoire où dominera la xénophobie
Le Blanc détestera le Noir
Conflits entre les races, aucun espoir
C’est ainsi que se répandra la malédiction
A travers toutes les générations.
” Cruelle est cette société,
Ne respectant pas les égalités
Les Hommes sont plongés dans l’ignorance
Et ne comprennent pas qu’il n’y ait point de différences… “