Pourquoi les femmes se font toujours avoir?

Voici le titre d’un ouvrage que j’ai lu dernièrement, dont l’auteur est Yves Deloison, journaliste et blogueur français, un homme féministe que bien de nos co-citoyens machos et misogynes jugeraient “manquant de testostérone et de testicules”.

Pourquoi les femmes se font toujours avoir? Je ne suis ni chaude ni froide à la vue de ce titre. Je tente de déconstruire les généralisations. ‘Les’ femmes? Non… Une partie des femmes. ‘Se font toujours avoir?’… Non plus. Il y a ces femmes, en dépit des obstacles, qui luttent, qui refusent, qui élèvent leur voix, qui n’acceptent pas d’être victimes (ni d’être vues en tant que victimes) … Des femmes qui trouvent un sens à leur vie, qui le partagent avec d’autres, qui apprennent à s’aimer et s’apprécier, qu’elles soient femmes au foyer, carriéristes, ou jonglant entre la maison et le boulot. Des femmes qui recherchent un certain équilibre, au niveau personnel/familial, et collectif.

Toutefois, la question que pose Deloison est pertinente, une vérité qui dérange, un tabou qui mériterait d’être levé. En effet, en dépit des contre-exemples, le paradigme suivant s’impose: les contextes mettant les femmes en situation d’infériorité sont légion, surtout dans nos contrées du sud-ouest asiatique,  où Patriarcats, identités religieuses/confessionnelles conservatrices, guerres, crises socio-économiques, dictatures et discriminations sont de rigueur. La répartition ancestrale des places attribuées aux hommes et aux femmes n’évolue pas, ou évolue très lentement. Moins de 3% de femmes au Parlement Libanais? Aucune femme ministre? Moins de 20% de femmes dans le marché du travail? Des salaires moins élevés de 40%? L’autorité de l’homme qui prime sur celle de la femme dans la plupart des foyers?

Nous ne portons pas seules, individuellement, la responsabilité de cette situation. Certes, des sociétés entières devraient revoir leur modes de fonctionnement. Toutefois, toute pensée/action individuelle contribue au changement, à la modification du cours des choses. Il suffit d’y croire et d’avoir la volonté. Olympe de Gouges déclarait en 1791: “O femmes, femmes […], quelles que soient les barrières que l’on vous oppose, il est en notre pouvoir de les franchir. Vous n’avez qu’à le vouloir!”.

L’ordre établi ne peut être remis en cause en attendant que les hirondelles passent… Au Liban, celles-ci ne passent pas, ou le font rarement. Il va falloir les faire passer, de gré ou de force, sans pour autant frôler le burn-out. Sortir du carcan de la victime, ne pas ‘se faire avoir’, n’est pas de se jeter dans l’autre extrême qui est de devenir “super héroïne”. Il s’agit de prendre conscience de la situation dans laquelle nous nous trouvons, d’en repérer les raisons, et de réagir… Penser, repenser, décortiquer, déconstruire, construire,… AGIR… au plus vite et dans tous les domaines, seules et ensemble, entre femmes, avec les hommes, et autres… Agir pour faire bouger les mentalités avant d’oeuvrer pour de nouveaux projets de lois.

Ne pas ‘se laisser avoir’ veut dire à mon avis d’en finir avec la posture de victime, et aussi celle de l’héroïne qui voudrait assumer toutes les charges mais n’en tirer que bien maigre bénéfice. C’est d’être à contre-courant, devenir paria, et oser propager des vérités alternatives à LA VERITE ABSOLUE qui maintient les hommes et les femmes dans des rôles prédéterminés.

Qui gagnerait à ce que les femmes ne se fassent ‘pas avoir’? Les femmes en premier lieu évidemment. Mais les hommes aussi. Tout le monde trouve son compte dans le changement des mentalités – sauf ceux qui le trouvent déjà dans la situation actuelle – le chaos, la corruption, les inégalités et la décadence. Toute le monde (enfin presque) trouve son compte en se libérant du carcan des préjugés et en devenant maître/maîtresse de son destin!

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