A never ending fight for Peace in the Middle East?

When I came back from Montreal (Quebec, Canada) to Lebanon in 2006-2007, all my friends called me ‘crazy’: ‘How can you leave a stable and secure environment for a volcano?’ I had my personal and family reasons, and I was convinced of the inevitable change yet to occur in the Middle East. I wanted to be part of it, to contribute in its happening, even with my punctual individual initiatives…

Seven years…What we are witnessing is worse than the past decades of physical war in Lebanon. It is the progressive regression of an entire nation at all levels – political, economic-social, environmental, educational, etc.  I must admit that seven years ago, I used to find the logic of alarmist explanations rather elusive, but on reflection, I began to see how it is turning and how it might turn. Still, there are many Lebanese who just cannot see that they are already part of the volcano. Starting with most university students, the core of the young generation, supposed to be questioning their ‘leaders’, the warlords, demanding drastic changes, working to deconstruct simplistic and extremist mentalities, founding new political parties, building peace …

The gap between self-image and the perceptions of others has always been wide, between the fanatics and the moderate, the ghetto-minded and the pluralistic-minded people, the nation freedom fighters and those who fight for regional and international forces, the human rights activists and the ‘no rights’ warriors. Still, it is on the verge of becoming an unbridgeable gulf!

Since 2006-2007, changes did occur, but rarely for the better, in Lebanon and the Middle East in general. The ‘Arab Spring’ is synonymous with ‘Arab agony’… There are individuals who still struggle to free their societies from the enormous burden of the past. Unfortunately, they are not many, and their impact is rather weak facing those who use a twisted version of the past to create a vision of the future, those who desire to recover past glories and redeem past humiliation – a desire that so far has largely ended in failed hopes. The great question is whether Lebanese and Middle Easterners can break loose from their deeply ingrained but unresolved frustrations and anxieties about the past and find some new foundations on which to build their aspirations for the future.

Another great question addresses debates within Islam itself. The ways most Islamic activists are interpreting Islam do little justice to the rich intellectual, social and political heritage of that religion. I find it hard nowadays to teach about Theology of Religions and Muslim-Christian Dialogue in a Lebanese academic environment, for most students describe Islam as a ‘violent’ religion… How can they see otherwise when the only images they are mainly exposed to through traditional media – and even online channels – are those of jihadists, misogynist fatwas, cannibalism, blood thirsty combatants killing civilians in the name of Allah?

As a Sciences of Religions’ professor and researcher, I firmly believe that all religions, including Islam, represent complex and highly flexible traditions capable of generating a great diversity of approaches to contemporary life. There are Muslims that already allow themselves the liberty to explore that tradition in all its dimensions, but their voices remain unheard in chaotic war-torn countries where the stubborn authoritarianism of political life seems to choke off any fresh thinking about the region’s problems.

A friend of mine told me a while ago that in order for the Middle East to live in Peace, it must die first… It must suffer… Sadistic dialectic, true in a way, but I find it difficult to think that this death might be soon overcome. I find it difficult to think that these conflicts and tensions might resolve in favor of an evolution toward a pluralistic peaceful environment. Am I being pessimistic? No… Realistic! One of the most difficult issues in the struggle for ending violence and building peace is a matter neither of institutions nor ideology. It is a frame of mind, and the region’s modern history has certainly done nothing to encourage its change!

My hopes may be frustrated and blocked, but they are not extinguished. I am continuing my fight for peace, dialogue and human rights. The struggle, however defined, seems indeed endless but not pointless. Memory, after all, can frustrate hope as well as propel it.

LA SEXUALITE… ENTRE SACRALITE ET REFOULEMENT

sexe et religions Pamela ChrabiehQuelle ne fut la surprise de mes étudiants-es universitaires lorsqu’ils/elles découvrirent l’existence dans le temple de Bacchus à Baalbek il y a plus de deux millénaires, des rituels de sexualité sacrée arrosés de vin en abondance, dans un lieu VIP incluant les princes et les généraux ainsi que les prêtresses du temple…

Quelle ne fut leur surprise en découvrant que le monde hindou regorge d’un mélange de plaisirs sexuels et de croyances religieuses, de servantes des dieux (les devasdasi) appartenant à un époux divin qu’elles étaient tenues de divertir et, pour que la jouissance soit parfaite, de combler charnellement – mais leur divin marie étant par nature absent, c’était à ses invités qu’elles devaient offrir un avant-goût des plaisirs qui les attendaient dans l’au-delà, après la mort.

Quelle ne fut leur surprise lorsque je leur présentai des images de la Mésopotamie où la sexualité était tout à fait naturelle, où les babyloniens lui portaient un regard décomplexé, pour ne pas dire laudatif. Dans la célèbre Epopée de Gilgamesh, n’est-ce pas une prostituée nommée Lajoyeuse qui va civiliser l’un des protagonistes, le faisant passer de l’état de bête à celui d’homme par son art de l’amour ? La mythologie des Sumériens, qui furent parmi les premiers habitants de la Mésopotamie, relate notamment que le dieu Enlil, l’une des divinités suprêmes du panthéon, poursuivit de ses assiduités la jeune déesse Ninlil, la viola et la mit enceinte. Puni par l’assemblée des dieux, Enlil ne se priva pas de recommencer. Et que penser des amours de la déesse Inanna, plus tard Ishtar, puis rattachée à Aphrodite ? Divinité féminine la plus importante en Mésopotamie, elle règne sur l’amour physique, charnel et passionnel. Déesse torride, insatiable dans ses ébats, harcelant sexuellement mortels et immortels :

« Quant à moi, à ma vulve, tertre rebondi, moi, jouvencelle, qui me labourera ? Ma vulve, ce terrain humide que je suis, moi, reine, qui y mettra ses bœufs ? (…) Laboure-moi donc la vulve, ô homme de mon cœur ! »

Que ne fut leur surprise lorsqu’ils/elles eurent vent de certaines prières adressées à Ishtar par ses fervents adorateurs afin de parvenir à leurs fins, montrant qu’à cette époque, plaisir sexuel et sentiment religieux n’avaient rien d’antinomique:

« Prends-moi ! N’aie pas peur ! Bande sans crainte ! Par ordre d’Ishtar, de Shamash, d’Ea et d’Asalluhi ! Cette recette n’est pas de moi : c’est celle-là même d’Ishtar, déesse de l’amour ! On recueillera quelques poils arrachés à un bouc en rut, un peu de son sperme (…) ; on amalgamera le tout ensemble pour le fixer aux lombes de l’amant, après avoir récité sept fois, par-dessus, la susdite prière ».

L’hiérogamie ou le mariage sacré, fut d’ailleurs un rite religieux important aux IIIe et IIe millénaires avant notre ère. Censé mimer les amours d’Ishtar et de Dumuzi ou Tammuz, il avait lieu lors de la fête du Nouvel An, s’incarnant en une rencontre charnelle entre le roi et la prêtresse de la déesse ou une hiérodule ; rencontre censée apporter fertilité au peuple et au pays. Gage de récoltes abondantes et approbation du pouvoir du roi par les dieux.

Etrange résonnance dans le Cantique des Cantiques entre ce magnifique chant d’amour et ceux entonnés par les hiérodules lors du mariage sacré :

« Embrasse-moi à pleine bouche : tes caresses sont bien meilleures que le vin, (…) ta personne est un parfum qui embaume : les jeunes femmes sont folles de toi ! Entraîne-moi à ta suite : courons ! Le roi m’a introduite en sa chambre : folâtrons, jouissons de toi ! Ah, que l’on a raison de t’aimer » (1, 2-4).

Et pourtant, en Deutéronome 23,18 : « Il n’y aura pas de prostituée sacrée parmi les filles d’Israël, ni de prostitué sacré parmi les fils d’Israël »… Sexualité sacrée qualifiée de « prostitution » à connotation négative, d’infidélité envers le Dieu d’Israël. L’anathème le plus fort est jeté sur cette pratique par le Judaïsme. Toutefois, on se rend compte d’une certaine ambiguïté puisque la prostitution est autorisée pour les étrangères. Aussi, n’est pas appelée « prostituée » la femme que son père prête contre de l’argent, mais seulement la femme qui est sous l’autorité d’un homme et qui, sans son approbation, vend ou donne ses charmes. C’est le détournement du bien d’un chef de famille qui est interdit, pas le commerce sexuel. La Bible montre de fait que les hommes ont facilement recours aux prostituées (Genèse 38,15), alors que les livres de sagesse répètent à qui mieux mieux le conseil d’éviter celles qui vous prendront dans leurs filets pour vous dépouiller de tous vos biens. Les recommandations sont du domaine de la prudence, non du respect des personnes, et la prostituée est un personnage bien présent dans le monde de la Bible.

Selon Elisabeth Dufourcq, « l’humanité de l’Evangile est sexuée et heureuse de l’être (…). Jésus considère le couple comme générique de l’humanité. C’est pourquoi il dépasse la Loi, qui admet la répudiation et dénonce surtout la dureté du cœur de celui ou celle qui abandonne. Cette fermeté de principe tranche avec la compassion avec laquelle il traite les femmes écrasées par la rigueur d’une loi toujours interprétée par l’homme. Par exemple, Jésus sauve la vie d’une femme adultère, traînée hors de la ville pour être lapidée (Jean 8). Implicitement, il replace le problème de la faute sexuelle dans une perspective de justice. S’il y a une femme adultère, c’est bien qu’il y a eu un homme… Il ne condamne pas non plus la femme samaritaine (Jean 4) qui a eu 5 maris et vit avec un 6ème. C’est même à elle qu’il révèle pour la première fois qu’il est le Messie. C’est à la fois une célébration de la tendresse et un hommage rendu à la femme méprisée (…) » (Le Monde des Religions, juillet-août 2009, p.26).

Saint-Paul jouera-t-il un rôle important dans le refoulement de la sexualité ? Afin de répondre à cette question, il faut distinguer le message de Paul et son instrumentalisation. Aussi, selon Dufourcq, « de son temps, le port de Corinthe comptait plus de 10 000 prostituées. En revanche, dans les milieux juifs hellénisés, l’influence stoïcienne était forte, en réaction contre l’érotisme ambiant et débridé. Dans ce contexte, saint Paul a pour mission d’implanter durablement des communautés en Grèce et à Rome. Il est donc très soucieux de décence ; les fidèles doivent renoncer à la fornication, à l’inceste, aux scandales (1 Corinthiens 5). Le responsable d’une communauté doit être mari d’une seule femme. En termes de morale conjugale, quand Paul écrit ‘Femmes soyez soumises à vos maris’, il n’écrit rien de neuf dans la Méditerranée de son temps. Mais lorsqu’il dit ‘Maris aimez vos femmes comme le Christ aime son Eglise, il parle d’un engagement mystique très neuf qui sera ensuite perverti : ‘Le mari est le chef de la femme comme le Christ est le chef de l’Eglise’ !! » (op.cit. p.27)

Notons aussi la différence entre Christianismes oriental et occidental. En Occident c’est l’influence de Saint Augustin qui se fera ressentir, pour lequel la femme est la cause du péché originel, inscrivant celui-ci dans la nature de la femme. Au Moyen-Age, les écrits sur les femmes sont misogynes et morbides, traduisant la frustration répressive de la sexualité, mélange entre horreur et fascination envers la femme. Puis l’idéal féminin fut sublimé en la Vierge Marie, la Theotokos. Et l’Eglise s’identifiera à elle. L’Inquisition du 13ème siècle mise en place pour lutter contre les hérésies prend en horreur le savoir des femmes. On connaît le nombre effrayant de bûchers dressés jusqu’au milieu du 18e siècle. En  Orient, très tôt beaucoup d’évêques sont mariés et respectent leurs filles et épouses, mais conceptuellement, ils admirent la virginité, bons disciples d’Aristote et de Platon. Bien qu’heureux dans leur mariage, ils voudraient que l’essentiel de la vie s’élève au-dessus du terrain mortel (référence à Grégoire de Nysse et Denys l’Aréopagyte).

Et puis ? Une éducation surtout culpabilisante, écrasant les femmes, surtout dans le domaine de la sexualité. Les avancées de la médecine au milieu du 20e siècle contribuèrent à une certaine révolution sexuelle, du moins en Europe et en Amérique du Nord. Et le débat reste ouvert actuellement entre consulter le médecin de l’âme et celui du corps, ainsi que le psychanalyste et le sexologue.

Qu’en est-il de l’Islam ? Je m’inspire ici des travaux de l’anthropologue et psychanalyste Malek Chebel, notamment son Dictionnaire de l’amour en Islam (1995) et Le Kama Sutra arabe (2006). L’on peut être un musulman fidèle, respectueux du texte sacré, sans être ennemi de la jouissance charnelle. « On m’a fait aimer en ce bas monde trois choses : les parfums, les femmes et la prière, qui reste la plus importante à mes yeux », affirmait le prophète Mohammed. Selon Chebel, l’Islam ne condamne pas la gourmandise sexuelle, même si l’on ne perçoit pas cela à première vue. Nombreux sont les aspects jouissifs et libres sans être libertins. Toutefois, comme tous les monothéismes, il s’agit surtout d’un plaidoyer pour l’homme – référence au paradis avec les houris. Fait par l’homme, dit par l’homme, interprété par l’homme, et donc souvent à l’avantage de l’homme. La femme musulmane devrait donc entreprendre une lutte acharnée pour se frayer une place. Chebel dénonce l’accès inégalitaire à la jouissance codifié par les théologiens du Moyen-Age. La femme a le plein droit d’exprimer la puissance éruptive de son désir. Cet auteur se situe évidemment dans un combat pour un islam des Lumières, avec d’autres penseurs musulmans, pour lesquels certaines ‘valeurs’ musulmanes ne devraient pas être fixées pour l’éternité comme la polygamie, la lapidation et l’infantilisation du personnage féminin. Malheureusement aujourd’hui, ce sont les tabous qui prennent le dessus et tendent à étouffer les attentes sexuelles des femmes. On se retrouve avec une explosion de mariages arrangés avec une surveillance accrue et un souci obsessionnel de la pureté morale…

SPOILED CHILDREN = DECADENT CITIZENS

Kid in a SpaMiserable, unsatisfied, ill-disciplined, demanding, despotic and useless… Rude to their parents and other adults, acting bossy and refusing to share with other children, prone to excessive self-absorption, lack of self-control, anxiety and depression… Yet they get extravagant birthdays, Prada purses, Tiffany jewelry, designer clothes, etc. I am certain of the fact that many mothers – and fathers – won’t agree with my post, but I think it is time to tackle this phenomenon, especially within Lebanese upper social classes.  If you give kids so much early on, they get to a point where they can’t be satisfied with anything.

According to many experts in the fields of sociology and psychology, a parent’s job is primary to prepare children for how the world really works. In the real world, you don’t always get what you want. You will be better able to deal with that as an adult if you’ve experienced it as a child. Also, if your parent/child relationship is based on material goods, your child won’t have the chance to experience unconditional love. Emotions can’t be healed by a trip to the mall. Happiness and one’s own status aren’t or shouldn’t be defined as a function of what children and teens wear or drive – but their intelligence, creativity, caring, giving, work ethic, etc. Row models shouldn’t be people who never did anything except spend money they got from somebody else.

Along with the imperial offspring of the Ming dynasty, the dauphins of pre-Revolutionary France and contemporary American kids from certain families, there are Lebanese kids – and Middle Eastern – who represent the most indulged people, not just that they’ve been given unprecedented amount of stuff – clothes, toys, cameras, skis, computers, televisions, cell phones, PlayStations, iPods, SPA TREATMENTS!! (the market for Burberry Baby and other forms of kiddie “couture” has reportedly been growing by ten per cent a year!); they’ve also been granted unprecedented authority.

“The notion that we may be raising a generation of kids who can’t, or at least won’t, tie their own shoes has given rise to a new genre of parenting books. Their titles tend to be either dolorous (“The Price of Privilege”) or downright hostile (“The Narcissism Epidemic,” “Mean Moms Rule,” “A Nation of Wimps”). The books are less how-to guides than how-not-to’s: how not to give in to your toddler, how not to intervene whenever your teen-ager looks bored, how not to spend two hundred thousand dollars on tuition only to find your twenty-something graduate back at home, drinking all your beer”.

Spoiled children and teens will be stuck in permanent ‘adultescence’, thus becoming decadent citizens: special specie far more dangerous than the fanatics’!!!

La lente émergence d'un féminisme musulman

Chercheuse à l’Institut français du Proche-Orient (Ifpo), Zahra Ali réalise une thèse à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) et s’est spécialisée sur les questions de genre, d’Islam et de politiques moyen-orientales. A la suite du Congrès de Lausanne sur les recherches féministes francophones qui a eu lieu du 29 août au 2 septembre dernier, elle analyse un mouvement encore méconnu en France : le féminisme musulman.

Qu’est-ce que le féminisme musulman ?

Pour les féministes musulmanes, ce sont les hommes qui ont édicté les règles coraniques, ils ont menti aux femmes. Et c’est aujourd’hui à la femme d’épurer le Coran de tous les commentaires attribués au Prophète. La jurisprudence islamique est très machiste. Ces 20 dernières années, de nombreuses musulmanes ont réfléchi à la question en sciences sociales et en sciences islamistes. Les pionnières du mouvement sont les Iraniennes car le cadre religieux s’est imposé brutalement. En Egypte, le féminisme est seulement en élaboration. On assiste à l’émergence d’organisations comme les Sisters in Islam en Malaisie, et des réflexions de femmes telles que la marocaine Asma Lamrabet, présidente  du Groupe international d’études et de réflexion sur femmes et l’Islam (GIERFI). Les élites féminines de Jordanie, de Syrie et d’Egypte ont pu profiter d’une éducation américaine pour se dresser contre la pensée musulmane dominante, et demander une reconnaissance des femmes dans la religion.

Le féminisme musulman est-il différent des autres féminismes ? 

Pas vraiment, il est à rapprocher des mouvements féministes internationaux. Je l’associe au black feminism [féminisme noir], qui s’approprie la critique du féminisme post-colonial. C’est une façon de combattre à la fois le sexisme et le racisme en partant de l’idée que les réalités de certaines femmes sont niées. On constate pourtant que les femmes musulmanes n’ont pas de place à part entière dans le mouvement féministe occidental, qui a tendance à associer à l’islam des attributs raciaux comme la soumission de la femme à l’homme arabe. Or ce sont des préjugés qui n’ont rien à voir avec la religion ! Cela est dû au fait qu’en France les chercheurs ont du mal à appliquer la variable « religion » aux théories de sciences sociales. Les affaires du voile sont symptomatiques de cette situation. En voulant “protéger” la femme musulmane de l’oppression traditionaliste, on leur a fait du tort, sans compter le fait qu’on a nié leur engagement pour les droits des femmes. Pour une majorité des féministes et chercheurs occidentaux, qu’une femme décide de porter le voile est un symbole de soumission au patriarcat, sans comprendre l’engagement religieux qui se trouve derrière ce geste.

Comment en êtes-vous venue à étudier ce mouvement ?

Je ne l’ai pas choisi. Cette idée s’est imposée. J’ai commencé par être féministe puis j’ai développé une réflexion sur ma propre relation au religieux. C’est là qu’est née ma volonté de voir émerger une réflexion sur le féminisme musulman.  Nous vivons dans une société majoritairement sexiste, quelle que soit la religion dominante. Je pense que la religion peut être une source de liberté pour les femmes quand elle est lue de manière adéquate. Par exemple, dans l’islam, aucune mention n’est faite du « péché originel » car Dieu a pardonné à Adam et Eve. Et ils ont été créés « l’un à partir de l’autre » sans précision de genre.

Comment le féminisme musulman s’inscrit-il dans le monde arabe ?

Les mouvements féministes moyen-orientaux ne semblent se développer que dans le cadre des luttes nationalistes pour l’indépendance. La question du statut personnel de la femme, code juridique qui régit la vie de celle-ci de sa naissance à son héritage en passant par son mariage, est très révélatrice car elle a été soulevée durant la formation des Etats arabes dans un contexte colonial. A l’époque, les élites à la tête du pays ont voulu conserver un cadre d’organisation de la société et ont donc développé un code du statut personnel défavorable aux femmes. L’émancipation de la femme moyen-orientale est venue avec les luttes nationalistes, dans lesquelles elle a eu un rôle. Ce n’est arrivé qu’en 2003 en Irak par exemple, alors que jusque dans les années 1980 c’était l’un des pays les plus progressistes de la région. Quand les alliés occidentaux ont lâché Saddam Hussein, il s’est retranché derrière une identité « islamique » étonnante quand on connaît le personnage . Il a alors demandé aux femmes de retourner au foyer pour élever des enfants afin de libérer l’espace de travail aux hommes. Les femmes sont toujours instrumentalisées par les dictatures. On l’a vu en Europe il y a longtemps et on le constate aujourd’hui dans les pays musulmans.

Et en France ?

Le féminisme musulman est seulement émergent en France. On compte deux sortes de militantes : les femmes « ré-islamisées », qui s’investissent dans des associations et pensent l’égalité dans un cadre islamique, et les femmes qui possèdent un héritage musulman et rejettent la vision féministe française. Pour l’instant, ces militantes n’adoptent que des positionnements de principe et font signer des pétitions sans réellement s’organiser.
Chez ces femmes, on sent une critique du féminisme occidental, qui est anti-religieux. En effet, les récentes lois françaises , notamment celle sur le voile,visant directement les musulmanes encouragent le repli communautaire. Dans les mosquées, on constate une radicalisation par rapport à la société française. Le racisme encourage l’intégrisme, et les femmes en paient le prix ! Il devient de plus en plus difficile d’aborder les questions féministes dans un milieu qui se ferme à tout ce qui est perçu comme occidental. Les lois contre le voile ont banalisé le racisme et dénaturé la laïcité, alors qu’elle est censée protéger la liberté de conscience. Je pense que le « problème musulman » vient en France dans un contexte de crise, une « panne sociale » qui empêche l’unité et la cohésion. Dans ce contexte, le travail des féministes musulmanes est compliqué.

Quel est l’avenir du féminisme musulman ?

Le fait que le prix Nobel de la paix 2011 a été décerné entre autres à une femme voilée, la Yéménite Tawakkol Karman, est très encourageant. Cela peut donner une autre image du monde dit « musulman », révéler les dynamiques qui s’y jouent, et aller au-delà des caricatures associées à la « menace islamique ». Les femmes qui font de l’islam politique réagissent à l’hégémonie d’une modernité très normative, étouffante. Leur succès va dépendre de leur capacité à investir la littérature, à créer un lobby à l’intérieur du cadre musulman. Plus elles seront stigmatisées, moins elles pourront se faire entendre. Il leur faut donc apporter leur  pierre à l’édifice des thèses féministes occidentales, sans lesquelles il leur sera difficile d’exister.

[hr]

CET ARTICLE FUT PUBLIE PAR LAVIE.FR (2012)

More is better, right? Well, not necessarily…

More is better Dr. Pamela ChrabiehLife is complex, I agree! Still, why do we complicate things that are simple?

Birth and death are not simple. Wars are not simple. Sickness is not simple. Suffering solitude is not simple. Trying to find if God exists or not is not simple. Trying to enjoy life while knowing that you will die someday is not simple. Debating on these issues is an endless adventure. But wearing a particular type of clothes, eating a delicious dessert, stating your opinion about the weather or the family-in-law, should not be subjects of never-ending arguing. Unnecessary upsetting leads not only to emotional disturbance but also to a chaotic life.

I tried to recall one of my regular days in 2010 when I used to teach at three universities while taking care of my child, husband and house. I used to wake up at 4.30/5 in the morning and sleep at 11.30/12 at night. And I’m not counting the never-ending ‘nuits blanches’ spent while having health issues. This is the year I developed multiple allergies and was rushed many times to Emergency Rooms, not being able to breathe. Overlapping choirs, duties, responsibilities… An endless complex to-do list while experiencing the anguish of trying to make everything ‘perfect’.

Life is complex, but I am more and more convinced that we over-complicate it when we constantly introduce negativity in its process and when we focus on the ‘wants’ more than on the ‘needs’. What about when we decide we are so worthy of certain things in our life, and so many people have high demands on everything? What about spending too much money to make an impression on others?

“Studies of happiness and wealth repeatedly show that beyond a certain level of income or material prosperity, happiness levels do not continue to increase with increased levels of wealth. That is to say, once you have what you actually need (and maybe plus a little extra for security/retirement), you are set in terms of how your happiness level will be impacted. Other factors then become more central to your sense of happiness or fulfillment. Too often, in a materialistic society, people can become myopically preoccupied or even obsessed with achieving greater levels of wealth and/or amassing the trappings that wealth can provide. While it can feel good to earn a high salary, and while there is nothing morally wrong with doing so, to expect that a higher amount in your bank account will keep you fully satisfied emotionally is short-sighted”.

I think more people would be happy living a simple, yet comfortable life doing the right thing for themselves. And what about the answers to all the complicated questions about existence in itself? Well, there are multiple beliefs that bring us to some place of peace. Maybe we need to practice that peace and not create ugliness with others that leads to more drama and more complications. Maybe we need to have less “things” in our life. Maybe we need to fill our days only doing the most quality things we totally believe in and that are meaningful.

More is better, right? Well, not necessarily…

“Such impulses are useful when resources are scarce and we need to strive to survive. But there thankfully is a limit when it comes to meeting personal needs, and that is what we need to keep in mind when pursuing happiness in the modern world”.

Organisons des débats publics!

Dr. Pamela Chrabieh
Dr. Pamela Chrabieh
2013, Lebanon

Liban…

Décennies de guerres et de conflits…

Destructions, massacres, génocides, crises, traumatismes individuels et collectifs…

Qui sont les victimes?

Qui sont les bourreaux?

Qui sont les responsables de la construction de la paix?

TOUS et TOUTES ! Quelles que soient nos appartenances, nos origines, et quels que soient nos penchants et nos dieux!

La responsabilisation partagée répond en quelque sorte au problème du silence sur la part des responsabilités de tous les acteurs de la guerre; un silence qui devient de plus en plus pesant, mais qui est souvent banalisé. En outre, elle remet en question le phénomène de la réconciliation fondée sur le fait accompli et la dynamique de l’oubli après les accords de Taëf (1989) qui a enfermé beaucoup de libanais dans des mémoires cloisonnées les unes des autres. Par ailleurs, elle implique « le partage des connaissances » ou la construction du savoir ainsi que des droits et des responsabilités citoyennes, et même d’une fécondation réciproque dépassant une simple coexistence. Ce partage-interpénétration-fécondation concerne les instances religieuses, les élites, les pouvoirs publics et les divers autres acteurs de la société civile et de la diaspora libanaises.

Point de départ? Organisons des débats publics, dont l’objectif serait de travailler à une déconstruction-reconstruction de certaines pensées et pratiques, en admettant le travail de la négation comme moyen de résistance et source de régénérescence. En d’autres termes, il est nécessaire de remettre en cause le monopole des élites et des experts sur la production des connaissances, sur leur diffusion et leur application, tout en faisant bénéficier chaque lutte de la force et de la spécificité des uns et des autres. Cet apport est d’autant plus important que l’activisme d’aujourd’hui, peut-être par manque de méthode, est souvent mal avisé; les mouvements actuels sont parfois restreints, et ils manquent d’envergure et d’attrait pour gagner une large base d’appui.  Les projets traduisent rarement une compréhension plus large des causes systémiques à nos problèmes et ne proposent pratiquement jamais d’alternatives institutionnelles viables au statu quo de manière à entretenir l’espoir et la motivation. Vues de l’extérieur (et souvent même de l’intérieur), la plupart des actions ressemblent au statu quo, ou semblent même pires que lui. Il s’ensuit qu’elles restent souvent impuissantes à déloger le profond cynisme de Monsieur et Madame Tout-le-monde.

L’expression « débat public » est certes devenue le mot d’ordre des mouvements sociaux et des pouvoirs publics. Selon certains, elle se galvaude et désigne une pluralité de dispositifs qui n’ont pas tous la même finalité. Personnellement, j’adopte cette définition: toute procédure de mise en discussion publique des choix collectifs – forums hybrides ou pluriels, états généraux, consultations nationales, conférences regroupant des individus et des collectivités, concertations, co-constructions de décisions avec participations en amont (qui ne s’opposeraient pas à la représentation mais qui la complèteraient), diffusion de l’information, etc. En Sciences politiques, on parle de démocratie participative, qui vise à encourager la participation directe des citoyens dans l’élaboration de décisions ou de politiques publiques; celle-ci est complémentaire à la démocratie représentative, qui, elle, confère de surcroît une légitimité aux représentants par le jeu du processus électoral.

Le débat public au Liban aurait besoin d’un renforcement, d’une valorisation de la part de la société civile, du gouvernement, des instances religieuses et des élites, ainsi qu’un élargissement de sa portée. Il serait inexact de l’interpréter comme l’expression d’une défense égoïste d’intérêts particuliers au détriment de l’intérêt général. Il contribue plutôt à la « restauration du politique », à ce que la politique devienne le domaine de l’innovation libre, à ce que le renouvellement de la régulation des rapports politique-société-religion ne soit pas perçu comme dangereux puisqu’il est animé d’un désir éthique – esprit de partage, de fécondation, et non d’exclusion -, ni impossible à entreprendre, puisqu’il recherche des valeurs minimales comme la liberté de pensée, d’opinion et de croyance, et donc, plus que le pluralisme, le droit à l’incroyance, ainsi que les valeurs de la vie, comme la santé, la justice et  la joie d’être soi-même en lien avec les autres.

Actuellement et à première vue, on aurait raison de perdre espoir quant à l’avenir du Liban, surtout que nous sommes pris par l’étau de la guerre, que les beaux principes énoncés dans la Constitution libanaise – république démocratique parlementaire, fondée sur le respect des libertés publiques (de croyance et d’opinion en premier lieu), la justice sociale, l’égalité des droits comme des obligations entre tous les citoyens sans discrimination – sont loin d’être appliqués et semblent même utopiques à l’ombre d’un système partagé, confessionnel, qui réduit par mille moyens, par d’innombrables pressions, la liberté individuelle ou les libertés publique. Ajoutons à cela une situation où l’amnésie favorise plus l’amnistie et la déresponsabilisation des dirigeants que la réconciliation, une économie chancelante, ainsi que l’élargissement du fossé entre les classes sociales et entre le « Centre » et le « Liban périphérique ».

Le chemin des réformes et de la reconstruction reste certes parsemé d’obstacles en tous genres, mais comme l’affirme Pierre Messmer: « Les libanais n’ont jamais cessé de résister pour conserver leur liberté et leur identité. Ils ont subi de nombreuses invasions, ils ont affronté les pires épreuves, ils ont maintes fois été menacés de disparaître mais ils n’ont jamais désespéré de leur pays (…). A l’instar des québécois par exemple, les libanais démontrent qu’un peuple qui ne se résigne pas ne peut pas mourir ».

Toutefois, pour que ce pays advienne, il ne suffit pas de vivre un « printemps de Beyrouth », ni que l’on milite pour des élections législatives permettant une représentation équitable des confessions ‘officielles’; ni que l’on s’unisse entre chrétiens et musulmans. Il est aussi important de revoir en profondeur les structures socio-politiques en vigueur et les discours et pratiques qui les renforcent d’une manière ou d’une autre. À défaut, le pays aura pris, encore une fois, un nouveau faux départ.

Organisons des débats publics et osons poser et répondre aux questions suivantes :

Comment réconcilier le pays avec lui-même et dans quelle relation avec son environnement régional et international?

Comment les institutions de la deuxième République vont-elles concilier les exigences de l’ordre public et celle des libertés?

Comment construire au Liban un espace commun, une intelligibilité commune, qui se nourrit de plusieurs Libans, de Libans inachevés, sans nier leurs spécificités et sans les ériger en singularités absolues?

Et face à cette incertitude et à cet inachèvement, où se dirige le Liban?

Pour ma part, en tant que libanaise ayant survécu à la guerre, mais ayant aussi connu des ‘lieux’ de dialogues et de convivialité, je porte en moi un refus de la fatalité et l’espérance d’un monde meilleur qui ne peut se construire tout seul et sûrement pas sans un réel travail de mémoire, et donc de deuil et de réconciliation. C’est la flamme qui m’anime, et c’est le défi que je tente de relever: penser  l’altérité, mais surtout, construire des lieux qui reconnaissent l’identité non comme une page blanche, ni comme déjà écrite, mais comme partiellement écrite et appelant à la poursuite de l’écriture; une identité comme une somme de diverses appartenances en cheminement, au carrefour de multiples chemins, de plusieurs aventures, médiatrice, non confondue avec une appartenance érigée en appartenance suprême et unique, en une fin en soi et « en un instrument d’exclusion », parfois en « un instrument de guerre ».

« Nous sera-t-il possible d’émerger un jour… et d’épargner à nos enfants notre exception culturelle et notre danse éternelle avec le danger ? Ce n’est donc pas un hasard si les légendes phéniciennes, celle du Phénix et celle d’Adonis, celle de l’oiseau de feu qui renaît de ses cendres et celle de l’éphèbe tué par un sanglier et dont le sang a fleuri les printemps à venir, sont issues de cette terre. Chez nous, la mort naturelle est une bénédiction. Le reste du temps, on meurt à l’arraché, parce que d’autres vous effacent, parce que votre vie dérange. Voilà pourquoi les principes de Paradis, de Résurrection et de Réincarnation ne sont pas pour nous de vains mots. Dans un pays où la chronique des faits divers, qui parle de chiens écrasés, signale quotidiennement des cadavres non identifiés retrouvés çà et là, il était temps que l’on cesse de traiter la mort comme un événement banal.

« (…) Voilà pourquoi, au regard de l’histoire, il nous est vital que plus personne au Liban ne meure pour rien. Demain, quand les premières cloches sonneront la joie de la Résurrection, nous célébrerons Pâques pour la mille neuf cent soixante douzième fois. Près de deux millénaires que les croyants se transmettent, de génération en génération, la vie de Dieu sur terre et transforment le siècle en éternité. Faut-il que tous les justes meurent au seuil des terres promises ? Faut-il qu’ils meurent pour que l’histoire bascule et que les peuples frustrés se révoltent et luttent enfin pour leur dignité ? La mer est bleue, la ville est blanche et les chantiers continuent, mais rien n’est plus pareil.

« La résurrection est en marche, il lui faut des Pâques, un passage, et passeurs nous sommes, et le reste est un long printemps ». (Abou-Dib, F., L’Orient-le-Jour, 2005-03-28)

 

POURQUOI 'SANS QUOTA'?

Dr. Pamela Chrabieh
Dr. Pamela Chrabieh
2013, Lebanon

Suite à la publication d’une de mes citations concernant ma critique du quota de 30% revendiqué pour les femmes en politique au Liban, certains commentaires émis soulignèrent le caractère ‘illogique’ d’une telle revendication, de mesure ‘anormale’, voire d’un impensable puisque, les alternatives ne seraient que des rêves fous et que le choix le plus sûr et donc pensable et faisable serait de militer pour un quota minimal au sein du Parlement ou pour une « minorité critique » minimale – 30% .

Il est évident que nous nous entendons toutes en tant que féministes sur la nécessité de l’avancement des droits des femmes à tous les niveaux, et que nous œuvrons toutes, chacune selon son approche, tant individuellement que collectivement, à améliorer la situation de celles-ci.

Il est évident que mon opinion et ma revendication n’ont nullement pour objectif d’aliéner celles des autres. Je juge les quotas minimums, et les quotas en tous genres, philosophiquement et ontologiquement insupportables, au-delà donc de leur qualification de ‘mesures pragmatiques indispensables’ selon certains-es.

Il est évident que j’appelle à un débat élargi en société appuyé sur des recherches qualitatives et quantitatives, à l’issue desquels un consensus serait trouvé, une sorte d’unité dans la diversité des voies-x féministes du pays.

Il est évident aussi – disons que j’espère cette évidence – que l’ancienne technique de « sièges réservés » considérant les femmes comme une catégorie vague et indistincte soit considérée comme obsolète.

Certes, j’entends dire que le quota de 30% serait appliqué en tant que mesure temporaire jusqu’à ce que toutes les barrières empêchant l’entrée des femmes en politique soient tombées. Certes, la plupart des quotas visent à augmenter la présence des femmes, parce que le problème habituellement posé est précisément leur sous-représentation. Certes, les arguments favorables aux quotas sont-ils nombreux, parmi lesquels : les quotas de femmes ne sont pas discriminatoires, ils servent à compenser les handicaps qui ôtent aux femmes la part des sièges qui leur revient; les quotas impliquent la présence de plusieurs femmes dans un organe donné, réduisant ainsi la pression exercée sur une femme alibi qui serait seule ; etc.

Toutefois, et à mon avis, les arguments contraires ou qui soulignent les bémols sont à prendre en considération, notamment :

1) Il est probable que des quotas inférieurs ou égaux à un tiers freinent l’accroissement de la représentation féminine ou n’y contribuent guère. Dans l’ex-RDA, un certain nombre de sièges étaient réservés aux représentants des organisations, parmi lesquelles les associations féminines officielles. Si le nombre de femmes au parlement d’Allemagne de l’Est a augmenté pendant les années 70 et 80, ce n’est pas parce que les organisations féminines ont reçu davantage de sièges, mais parce que les femmes ont été plus nombreuses à remplir les places réservées aux syndicats et aux organisations de jeunesse.

2) les quotas ne sont pas démocratiques, car les électeurs doivent être ceux qui décident des élections – donc si l’on milite pour un Liban démocratique, il va falloir nous débarrasser de tous les quotas, dont en premier lieu les quotas confessionnels. Je crains le renforcement du phénomène de balkanisation de la politique libanaise. En effet, chaque groupe social se constituerait en lobby luttant pour une politique de quotas adaptée à ses besoins, et la fracturation sociale serait renforcée. Je dois rappeler ici le lien inextricable entre quotas confessionnels et quotas de tous ordres… Soit on adopte des quotas de toutes catégories et on cesse de demander l’abolition des quotas confessionnels, soit on opère le contraire.

3) les quotas impliquent que le sexe intervient plutôt que les qualifications dans la dévolution du pouvoir politique et qu’ainsi certains des candidats les plus compétents sont écartés. Que faire de la méritocratie ? Serait-elle donc sélective ? La méritocratie pouvant être mise en doute suite à l’adoption de quotas, une certaine suspicion sera présente, laissant croire que les femmes ont été promues sur la base de leur genre et non sur celle de leur mérite et de leurs compétences. Aux Etats-Unis par exemple, la ” discrimination positive ” provoque une suspicion généralisée par rapport aux compétences réelles de chaque américain de couleur qui aura réussi. Un Noir américain peut très bien être naturellement brillant, mais par la faute de la mauvaise réputation de ses collègues Noirs ” engagé d’office “, les entreprises se méfieront toujours de son CV exceptionnel lors d’un entretien d’embauche. Ainsi, à force de contredire un marché de l’emploi qui retrouve un nouvel équilibre malgré ces mesures artificielles, la ” discrimination positive ” favorise l’émergence d’une authentique discrimination négative…. Par ailleurs, si la discrimination positive a permis d’émanciper les “intouchables” en Inde, elle légitime les inégalités fondées sur les castes qui sont pourtant interdites par la constitution. Le fait d’apporter de l’aide à des minorités revient à reconnaître qu’elles existent dans un État où chaque individu est de droit égal à l’autre. En cherchant à réduire l’influence des castes, l’État a fait l’inverse en reconnaissant une hiérarchie entre elles. La discrimination positive a stigmatisé les “intouchables”, les aborigènes et les basses castes, elle a pu leur donner une mentalité d’«assistés ». Lorsque le Premier ministre V.P. Singh, au pouvoir en 1990 décida pour la première fois de mettre en place des quotas de basses castes dans la fonction publique, il provoqua la colère des hautes castes, qui comme, en 1981, décidèrent d’organiser une sanglante révolte. Après de nombreux morts, la cour suprême donna en 1992, un coût d’arrêt au dangereux projet. Depuis, cette question n’a jamais été remise à l’ordre du jour, mais pour combien de temps ?

4) certaines femmes ne veulent pas être élues simplement parce qu’elles sont des femmes – j’en fais partie, et bien d’autres féministes aussi d’ailleurs. Je voudrais être considérée non seulement en tant que femme, mais en tant que citoyenne, égale à l’homme citoyen, et dans le seul intérêt de la communauté des citoyens.

5) Un règlement ne se suffit pas à lui-même. Un système de quota n’atteint généralement son objectif qu’en fonction des procédures d’application. Si ces dernières ne font pas l’objet d’une volonté politique établie, tout quota, qu’il soit de 30, de 40 ou de 50% restera vain. Le quota doit, dès le début, être intégré dans le processus de sélection et de désignation. Si le quota ne s’applique qu’à la dernière étape du processus, il est généralement fort difficile de le mettre en pratique. Pour qu’un système de quota porte ses fruits, il faut : • Que les partis politiques s’impliquent activement dans le recrutement d’un nombre suffisant de femmes qualifiées pour satisfaire le quota; • une masse critique de femmes, et non pas quelques membres alibis, qui soit suffisante pour exercer une influence sur la règle et le comportement politiques; • des femmes dont la force de persuasion personnelle ou la position féministe spécifique peut influencer le processus de décision.

Le simple vote d’un règlement qui assure aux femmes un pourcentage de sièges n’est pas suffisant. L’étape suivante concernant l’application est critique. Pour mettre le quota en pratique, il ne faut pas oublier que : • Plus le texte du règlement est vague, plus grand est le risque d’une mauvaise application, un quota peut avoir été décidé sans pour autant que le nombre de femmes augmente;• la pression des organisations féminines et d’associations diverses est nécessaire pour obtenir des résultats satisfaisants; • des sanctions doivent être prévues en cas de non-observation des exigences de quotas.

6) on ne peut résoudre la représentation des femmes par le seul système du quota. Les partis politiques, le système éducatif, les associations, les syndicats, les institutions religieuses… chacun doit prendre la responsabilité de promouvoir systématiquement la participation des femmes en politique, dans son propre sein, tout au long de la hiérarchie. Chacun devrait œuvrer à améliorer la situation des femmes, sociale, religieuse, économique, etc. Une ‘réforme’ des mentalités individuelles et collectives s’impose… Et pour que cette réforme ou révolte/révolution advienne, ou du moins s’enclenche, il faudrait compter les efforts combinés d’une majeure partie de la société civile. Or, celle-ci, à ce jour, est malheureusement disloquée. Les tours d’ivoire n’y manquent pas, et la véritable coopération est quasi-absente.

7) le quota est une épée à double tranchant. D’un côté il oblige les hommes à penser que les femmes doivent participer au processus de décision et que les hommes doivent laisser des espaces pour les femmes – et de surcroît, certains y verront une manière de ‘perdre la face’. D’un autre côté, étant donné que ce sont les hommes qui créent ces espaces, ils vont chercher des femmes qu’ils seront à même de diriger, des femmes disposées à accepter facilement l’hégémonie masculine. Il est intéressant de noter que certains gouvernements, dans des États arabes en particulier, utilisent en fait le système de quota à leur avantage. En faisant entrer un plus grand nombre de femmes soigneusement choisies, les gouvernements remplissent un double objectif : bénéficier de la présence de femmes alibis « contrôlables », tout en prétendant favoriser la promotion de la participation des femmes à la politique.

8) l’attribution à un groupe d’individus d’une certaine protection et garantie supplémentaires, tend, et l’Histoire regorge d’exemples, dont notre histoire libanaise, à la perception de ces droits de la part de ses détracteurs comme étant des droits acquis. Et qui dit acquis dit possibilité de retrait, ou de conflit.

9) en tant que féministe, je ne crois pas en l’équation sine qua non FEMME = FEMINISTE. Bien d’hommes sont plus féministes que bien de femmes lesquelles alimentent le système patriarcal de gré ou de force. Qui dit FEMME, ne dit pas nécessairement LIBERALE, LAIQUE (au sens de promouvant la séparation religion-politique), PROGRESSISTE, REVOLUTIONNAIRE, etc. versus l’HOMME qui serait conservateur et confessant. Qui dit FEMME n’implique pas automatiquement PLUS ENCLINE QUE L’HOMME A FAIRE AVANCER LES CAUSES DE L’IVG, DU CONGE MATERNITE, DU DROIT A L’EGALITE DES CHANCES ET DES SALAIRES DANS TOUS LES EMPLOIS PRIVES ET LES POSTES PUBLICS. Ce n’est pas le pourcentage de femmes actives dans la gouvernance des pays qui devrait être recherché  autant que le travail législatif et réformateur de ces dernières. Il est vrai que chaque individu défend en premier lieu, par instinct de survie et par désir de domination, les intérêts de son ‘genre’, mais au Liban, le ‘genre’ qui tend à s’imposer relève plus de l’appartenance religieuse/confessionnelle/tribale/familiale etc. avant qu’il ne soit une question de différence de sexes !

10) à mon avis, revendiquer un quota pour les femmes voudrait dire que celles-ci sont trop faibles pour faire valoir leurs droits et qu’elles auraient besoin d’une garantie légale pour y arriver. Rien n’empêche des femmes de s’imposer sur la scène politique libanaise d’aujourd’hui. Les femmes de charisme et de compétence ne manquent pas. Mais la solidarité est quasi-inexistante, l’indépendance économique de même, et les limites inhérentes au système socio-politique actuel basé entre autres sur le patriarcat et alimentant ce dernier, constituent des obstacles majeurs à cette imposition.

11) la constitution libanaise stipule, dans l’article 7, l’égalité de tous les citoyens devant la loi et leur égale jouissance des droits civils et politiques ainsi que de leur égal assujettissement aux charges et devoirs publics, sans distinction aucune. Commençons à revendiquer l’application de cet article à tous les niveaux, et pas moins ! Egalité des chances et des droits en premier lieu, et l’égalité des résultats suivra.

Est-il possible d’augmenter la représentation des femmes en politique de manière substantielle et qualitative sans quotas imposés? Oui… Le Danemark, la Norvège et la Suède, sont reconnus pour avoir un très haut pourcentage de femmes en politique. Les pays nordiques ont le taux de représentation féminine le plus haut du monde. Il a commencé à augmenter depuis une trentaine d’années. Cette augmentation de la représentation féminine n’est pas passée par un amendement constitutionnel ni par un texte obligatoire quelconque. Elle doit être attribuée en grande partie à la pression soutenue que les groupes de femmes ont exercée à l’intérieur des partis et à celle du mouvement féministe en général. Les femmes se sont mobilisées et ont organisé une campagne en faveur de l’augmentation du nombre de candidates, et de candidates en position éligibles sur les listes électorales. Cette pression s’est exercée sur tous les partis politiques scandinaves. Certains ont répondu par l’adoption du système de quotas, mais, dans trois pays scandinaves, il s’agit d’une décision prise par les partis et applicable aux partis eux-mêmes. Les quotas ont été introduits dans les partis sociaux-démocrates et dans les autres partis de gauche pendant les années 70 et 80, tandis que la plupart des partis du centre et de droite considéraient le quota comme une mesure contraire à la politique libérale.

Est-il plus facile d’imposer un quota de femmes ? Il apparaît évident que oui lorsque d’autres quotas, professionnels, religieux ou ethniques, par exemple, sont déjà en vigueur. Dans un grand nombre de pays on trouve un système de quotas régionaux selon lequel les sièges sont distribués aux diverses régions, non pas en fonction de la population, mais pour favoriser certaines régions par rapport à d’autres.

TOUTEFOIS, RECHERCHE-T-ON LA FACILITE OU LA DURABILITE QUALITATIVE ?

Parfaire la démocratie, c’est toujours prendre des risques, mesurer les avantages et les inconvénients possibles de mesures volontaristes, oser expérimenter pour construire une société plus équilibrée.

FINALEMENT, CONCERNANT LA PARITE :

La parité signifie la représentation égale entre deux groupes, et en l’occurrence la répartition égale entre les hommes et les femmes, qui sont à part égale dans notre société et se partagent l’humanité. Son introduction dans la loi vise à remédier à l’insuffisance du bilan de l’éligibilité des femmes. La loi dite sur « la parité » du 6 juin 2000 (France) par exemple, vise à favoriser l’accès des femmes aux fonctions électives. Elle contraint les partis politiques à présenter un nombre égal d’hommes et de femmes pour les élections régionales, municipales (dans les communes de 3 500 habitants et plus), sénatoriales (à la proportionnelle) et européennes. Elle prévoit aussi de pénaliser financièrement les partis ou groupements politiques qui ne respectent pas le principe de parité lors de la désignation des candidats pour les élections législatives.

Toutefois, la parité dont je parle, en lignée avec l’égalité des citoyens/ des humains que je revendique, n’est pas un objectif uniquement quantitatif à atteindre avec le temps, et non une obligation imposable d’emblée. Il ne s’agit pas non plus d’une finalité immuable. Car, à la première question-titre de mon article ‘Pourquoi pas la parité ?’, je répondis par d’autres questions : ‘Et pourquoi pas plus de femmes que d’hommes ?’ – je fais remarquer ici qu’un quota qui se situerait dans une fourchette de 40% minimum à 60% maximum peut empêcher une représentation féminine plus importante qui permettrait aux femmes de dominer une assemblée, comme les hommes ont si bien su le faire dans l’Histoire et comme ils le font encore dans la plupart des parlements du monde – ; ‘Et pourquoi parler du quantitatif tout court ? – donc, pourquoi ‘PAS DE QUOTA’ ?’.

A mon avis, le qualitatif prime sur le quantitatif tout en étant complémentaires. Ce qui m’importe, c’est que l’on considère les prochains élus sur la base de la compétence, du mérite, des qualités humaines et des services rendus à la nation, de la contribution à l’amélioration du ‘genre libanais’ en particulier et du ‘genre humain’ en général. Pour ceux et celles qui, comme Martin Luther King autrefois, rêvent d’un avenir « indifférent à la couleur de la peau, de la religion et du sexe », l’inconvénient est que les mesures prises au nom de la diversité ont tendance à accorder une place essentielle à l’origine religieuse, ethnique et sexuelle. Loin d’atténuer les différences ou de mieux les gérer en une unité qui transcenderait les lignes de démarcation, elles les institutionnalisent et les sacralisent.

EN FAIT, JE NE SOUHAITE NI QUOTA MINIMUM NI PARITE AU SENS QUANTITATIF DU TERME, mais JE SOUHAITE UNE PLUS GRANDE PARTICIPATION ET REPRESENTATION QUALITATIVE DE FEMMES EN POLITIQUE, TOUT EN DEMANDANT UN MEME NIVEAU DE QUALITE POUR LES HOMMES.

Pourquoi substituer au principe constitutionnel de l’égalité des citoyens celui de l’égalité entre les sexes? L’argument de leur différence n’a servi qu’à justifier l’infériorité des femmes: au regard de luttes anciennes et de victoires si récemment acquises, je ne suis pas la seule à juger que l’inscription de cette différence dans la Constitution ou en tant que loi constituera une régression. Lorsque je lutte pour les droits des femmes, je le fais toujours dans une optique plus large, celle des droits des citoyens et des droits humains.

Et puis, si l’on veut vraiment promouvoir les femmes, commençons par les rendre visibles et les capaciter dans tous les milieux…! A l’école, l’université, les milieux de la recherche, les milieux médiatiques et les institutions privées de tous ordres ! Révisons les livres scolaires et proposons-en de nouveaux, ainsi que les pédagogies adoptées dans les maternelles qui différencient les garçons et les filles ! Introduisons dans les universités un cours obligatoire sur les droits humains – dont les droits des femmes- et la citoyenneté. Conduisons-nous envers nos filles et nos garçons de la même manière dans nos maisons ! Réjouissons-nous d’avoir des filles autant que des garçons ! Encourageons nos filles à s’épanouir et s’auto-affirmer, à devenir leaders, meneuses, chercheures, créatrices, etc., non des suiveuses, des accrocs de la perfection physique, en compétition féroce pour le prétendant/prince charmant qui soi-disant sauverait leur honneur et leur avenir ! Créons de nouveaux partis politiques qui seraient a-confessionnels ou appelant à une voie médiane entre le confessionnel et l’a-confessionnel. Investissons-nous en tant que femmes dans les secteurs tabous comme en sciences des religions. Produisons un nouveau savoir et disséminons-le dans tous les secteurs, dans les villes et les villages, ainsi qu’en ligne, plateforme prisée par les nouvelles générations. Organisons des séminaires, des tables de dialogue, des workshops, des activités de conscientisation. Incitons les femmes qui ont les moyens financiers d’investir dans la capacitation de femmes moins nanties et dans l’éclosion de petites et moyennes entreprises (incubators). Trouvons des moyens pour avancer la cause des salariés-ées à tous les niveaux. Contribuons à hausser le taux des femmes actives dans le marché du travail au-delà du piètre 20%. Remplaçons la culture des ‘Mondanités’ laquelle n’apporte absolument rien dans l’évolution de notre société, ainsi que la culture du copier-coller, par une culture de femmes productrices et créatrices – et d’hommes producteurs et créateurs de surcroît! etc.

Des femmes – et des hommes avec elles – font déjà cet exercice, tant à titre individuel qu’au sein d’associations civiles et ONGs. Je salue vivement leurs travaux et leur courage. Reste à renforcer ces lieux alternatifs au patriarcat embiant et à créer des ponts entre ceux-ci.

Women Ordination in Catholic and Orthodox Churches: Lebanese perspectives… Censored!

Dr. Pamela Chrabieh
Dr. Pamela Chrabieh
2013, Lebanon

I was interviewed by OTV (one of the local TV channels in Lebanon) on the highly sensitive subject of women ordination. The priest who was invited too clearly expressed his opposition to women being ordained in orthodox and catholic churches. I presented the Sciences of Religions’ perspective, I talked about women pastors and bishops in other Christian churches, about Feminist Theologies, and new archaeological discoveries (murals from the 2nd c. C.E. depicting women priests and bishops for example). I also expressed the importance of opening the door to an intra-sectarian debate about power sharing between the clergy and lay people… However, I discovered that what I explained concerning the latter problematic was censored!!! Welcome to Lebanon !!

WATCH THE ONLINE VIDEO OF THE INTERVIEW HERE, STARTING THE 25th minute

وتوابعها crushes ظاهرة

Crushes Hotties Grudges Lebanon

“عيش كتير بتشوف كتير…” هكذا أُعلّق على الظاهرة الأخيرة التي اكتسحت فايسبوك في لبنان وحازت على اهتمام وانتباه طلاب الجامعات المختلفة

(…)

صفحاتٌ للتسلية، للتعبير عن حبٍ، أو كرهٍ، أو لنشرِ صور طلاب وطالبات الجامعات، صور خاصّة ومثيرة أحيانًا وأخرى عاديّة. ولكن لماذا؟ لماذا ظهرت هذه الصفحات في يومنا هذا؟ ما سبب هذه الظاهرة؟ هل السبب بسيط؟! شبابٌ أصبح الفايسبوك محور أساسي في حياتهم ووجدوا في تلك الصفحات تسليةً إضافيّة لما يفعلونه على الموقع؟!

أم السبب أكثر تعقيدًا؟ هل اشتاق الشباب إلى شخصيّة “الحبيب الخجول” إذا صحّت التسمية، والذي لا يعبّر صراحةً عن مشاعره وبالتالي يلجأ إلى الكتابة دون ذكر اسمه على تلك الصفحات. شخصيّة قلّ نظيرها في عصر الوقاحة في كل شيء حتى في الحب

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نور زاهي الحسنية

Woman’s ultimate hurdle to guilt-free choice… Her own kind?

Katia Aoun HageGrowing up in the late seventies, in the Middle East, I have witnessed the rise of successful career women who held important positions in political, social and educational institutions. They argued their way through, were respected, and made sure that things got done. These women, who were educated or not, had achieved numerous successes in several kinds of associations, companies, and businesses. Nevertheless when they were in social gatherings with other women, of all these successes and achievements, these career women would only mention how well they did raising their children, taking care of their husbands, and having a wonderful home. They always tried to make the point that their work never took over their family life, and tried to hide or downgrade their work commitments.

The stay-at-home mothers do not gain much respect for their accomplishments either. With all the talk and training that women get from their mothers on being good housewives, good mothers who follow their kids to the minute details, good wives in providing what their partner needs, they should be quite ready to do any task that family life throws their way. These women become wonderful cooks, have spotless homes, bus their children to and from activities, educate them, play with them, and on top of this provide all what their partner needs and asks for of support, and encouragement. But somehow, whenever these stay-at-home moms are within women’s circles, they are critiqued for their lack of social or political involvement, for their waste of their abilities, for throwing away their education, and so on. And the worst of it all, these women feel less and unworthy of being considered as successful.

It is quite important to notice how deeply women affect each others. They can be wonderful in empowering other women, as much as be destructive in their strong denial of the good residing in them. Respect alone of other women choices and commitments is not quite enough, there is a vital need to providing support and encouragement. Women can judge each other harshly, but this has to come to an end at some point. All it takes, in my opinion, is accepting that every woman is entitled to make the choices that she sees fit to her lifestyle. None of us women are similar in our conditions or circumstances. What works for me, might never work for you. But there is enough space in our societies for both of us: career women and stay-at-home mothers. And it would be really refreshing to be among women who recognize the difficulties and struggles of every choice, as well as their personal and social rewards.

And the question remains: If we as women are so judgmental on our own kind, can we expect anything less from the other gender?