Libanaise qu'à moitié…

By Marc Samrani

Dans un pays où l’opinion publique semble croire à une égalité établie entre hommes et femmes  et où quelques citoyens comparent notre situation à celles des pays européens (comme le montre entre autre la vidéo publiée par l’Orient-le-Jour intitulée « CONDITIONS DE LA FEMME AU LIBAN : MYTHE ET REALITES»), le Liban vient d’acquérir en 2013  la très « HONORABLE » 123 ème place sur 135 dans un classement sur l’égalité Homme/Femme (Global gender gap report) publié par le Forum Economique mondial . Alors que nous nous permettons de critiquer très facilement et très ouvertement la situation de la femme dans les autres pays arabes,  les Emirats Arabes Unis, le Bahreïn, le Qatar, le Kuwait et le Sultanat d’Oman nous dépassent dans ce classement, et l’Algerie, l’Egypte et l’Arabie Saoudite nous talonnent de très prés (respectivement la 124 ème, la 125 ème et la 127 ème places).

Alors qu’en est-il réellement de la position de la femme dans la société libanaise ? Il ne faut pas chercher bien loin pour trouver la réponse à cette question, il suffit juste de jeter un coup d’œil aux lois fièrement affichées dans notre constitution. Pour citer un seul exemple (parmi tant d’autres),  la femme à la différence de l’homme ne peut pas transmettre sa nationalité libanaise à son époux étranger et à ses enfants. C’est en étudiant ces simples  phrases en apparence votées par nos parlementaires que nous pouvons comprendre l’étendue des dégâts sur le territoire libanais. En effet, en se basant sur cette loi de non transmission de nationalité par la femme nous pouvons nous poser la question suivante : Pourquoi la femme n’est-elle pas reconnue citoyenne libanaise au même titre que l’homme qui lui peut transmettre à sa progéniture ses racines libanaises ?

Ce sujet est d’autant plus alarmant lorsqu’on voit les répercussions catastrophiques que peut avoir cette discrimination au sein de nombreuses familles libanaises. En effet si une femme libanaise mariée à un étranger souhaite vivre dans son pays natal avec son mari et ses enfants, elle est dans l’obligation de leur demander une carte de séjour, annuellement renouvelée .Mais ce n’est pas en ce point que réside le réel problème : dans un premier temps, on ôte aux enfants des droits fondamentaux et essentiels comme les soins de santé ou l’éducation . Pourtant, la Loi n° 686 de 1998 prévoit : « L’éducation publique est gratuite et obligatoire dans l’enseignement primaire et c’est un droit pour tous les Libanais d’âge primaire. » N’étant pas considérés comme libanais, cette loi ne s’applique pas alors à ces enfants. En outre, les enfants peuvent ne pas obtenir ce droit de résidence et devront obligatoirement être déportés.

Dans un second temps, trouver du travail au sein du territoire libanais se transforme presque en mission impossible. En effet le mari tout comme les enfants sont considérés comme des résidents et non comme des citoyens, ce qui leur ferme automatiquement la porte de la  majorité des grandes entreprises libanaises qui préfèrent engager des libanais pour éviter les charges qu’impliquent d’engager un étranger. Et sans permis de travail il est quasiment inconcevable  d’obtenir un permis de séjour, d’où le cercle vicieux qui encourage certainement de ces femmes  à quitter le territoire libanais pour s’installer ailleurs avec leur famille.

Et si seulement l’étendue de cette loi s’arrêtait là …

By Marc Samrani

Qu’en est-il de la façon dont la femme est perçue dans la société ? Comme actrice de seconde classe vouée à être éternellement inferieure à l’homme ?  La femme perd ainsi une partie de son identité et est en quelque sorte exclue de la société. Où se trouve donc l’importance de cette identité libanaise ?

Pourquoi cette loi est elle encore présente dans notre constitution ? Pourquoi aucun changement n’a été encore effectué ?

Pour se défendre et expliquer l’importance de cette loi, les parlementaires invoquent la carte palestinienne. La peur que les refugiés palestiniens acquièrent la nationalité libanaise empêcherait un changement au niveau de cette loi.

Mais où réside exactement le problème ? Si nos politiciens voulaient réellement empêcher ces refugiés d’obtenir la nationalité, pourquoi permettrait-on aux hommes de passer la nationalité à leurs épouses et à leurs enfants ? N’existerait-il que des refugiés palestiniens masculins ? D’autre part, quel mal y-a-t-il à donner à cet individu vivant déjà sur le territoire libanais la nationalité qui lui permettrait de jouir de quelques droits primordiaux ? Où est cette hospitalité libanaise dont nous sommes tellement fiers ?

Pour résumer, non seulement cette loi constitue une aberration par rapport au statut de la femme dans la société mais elle constitue aussi une violation des droits de la femme, de l’homme et de l’enfant avec en surplus une  discrimination sexiste et raciale.

Alors que le Liban est en éternel déclin au niveau du classement mondial d’égalité homme/femme (116 ème place en 2010), ne devons–nous pas tirer enfin la sonnette d’alarme pour faire advenir un changement et évoluer vers une société un peu plus équitable sans discrimination sexiste comme devrait l’être toute société au 21 éme siècle?

 [hr]

Bibliographie :

http://sansglutenabeyrouth.blogspot.com/2012/03/nationalite-libanaise-droit-de-la-femme.html

http://www.amnesty.org/ar/library/asset/MDE18/003/2010/en/b73d5531-5306-4f26-be84-4b7212ac0c50/mde180032010fr.pdf

http://www.equalitynow.org/take_action/discrimination_in_law_action362

http://nationalitycampaign.wordpress.com/

http://www.youtube.com/watch?v=cho0_MJvHg8

http://www.youtube.com/watch?v=pclMflf6GPs

http://www.youtube.com/watch?v=prU6J5Niojk

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