‘Tu as grossi ! Il faudra que tu perdes au moins 10 kilos pour que tu sois à nouveau un être humain – bani ‘adam’ !
‘Comment vas-tu plaire à ton mari avec cette haybe – cette face/façade – ?’
‘Je connais une excellente diététicienne. Je te refile son numéro’.
‘Ah ! J’ai cru que tu étais enceinte ! Le gros ventre nous joue des tours ;)’.
‘Une femme ne vaut que lorsqu’elle est jeune et bien faite. Une fois la quarantaine passée, vous pouvez être certaine que votre mari ira chercher ailleurs’.
‘Tu as maigri ! Bravo ! Bienvenue au club des parfaites’.
‘Tu as trop maigri ! Es-tu malade ? Ce n’est pas beau autant’.
‘Attention à ta ligne, tu ne dois pas grossir, tu ne pourras te trouver un mari, personne ne voudra t’épouser, et s’il t’épouse il te quittera bientôt, et même si tu es enceinte attention aux kilos de trop, et lorsque tu accouches, fais en sorte que cette graisse abdominale disparaisse en 15 jours; déjà des rides? Va vite t’en débarrasser, et les bourrelets avec’.
‘N’ouvre pas la bouche (physique et mentale), aucun mot, les hommes préfèrent les femmes qui se taisent et qui mangent peu’.
‘Ton avis? On s’en passe… A moins que ça ne concerne la recette d’un plat-santé, les vertus du thé-vert, les potins du jour, et les fesses de Kim Kardashian’.
Etc. etc. etc.
Les critiques fusant de partout, famille et étrangers inclus, n’arrêtent jamais au pays du bistouri, la Mecque de la chirurgie esthétique, du botox, des lèvres pare-chocs, des implants mammaires et fessiers, et du DIET draconien pour la vie. Si vous avez le malheur de naître une femme au Liban, vous êtes pourchassée dès votre tendre enfance. Le paraître vaut plus dans un milieu en mal de l’être, sombrant dans la crasse.
Mais voilà, je ne suis pas qu’un corps – mon corps seul ne me représente pas -, et ce corps en fait m’appartient. Il ne fait pas partie du bita3 (propriété) d’un homme, de la famille et de la société. J’en suis responsable et je veux en disposer comme bon me le semble, tout en décidant des luttes à investir.
Non à l’objectivation laquelle évalue et réduit une personne à un corps par autrui et pour autrui!
Non à la déshumanisation!
Je ne veux pas être traitée en tant qu’objet. Je suis un sujet, une agente de changement, une citoyenne à part entière, et j’exige d’avoir des droits et opportunités pareils à ceux des hommes, et j’espère que d’autres comme moi n’auront peur de faire face à la violence qui s’exerce à tous les niveaux au quotidien à l’encontre des femmes.
Un cri du cœur, un cri de la tête, un cri enflammé d’une bouche non retouchée cherchant une bouffée d’oxygène, et pas qu’une bouche …