La femme, enfermée dans des modèles traditionnels : l’épouse, la mère, la muse, la madone…, cherche à faire reconnaître son statut d’être humain libre et responsable, son originalité et son égalité avec l’homme. Quand on s’interroge sur la condition des femmes dans nos sociétés, on est frappé par la disparité des situations. Pour bien des raisons, et beaucoup par la pesanteur d’une tradition qu’on tarde à remettre en cause, partout, la femme est dans une situation inférieure à celle des hommes. Dans une période pleine de changements dans les pays arabes on entend dire « oui les femmes étaient présentes, oui elles ont participé !». Parfois sur un ton affirmatif, d’autres fois sur un ton plus dubitatif. Féministes ou non, encore faut-il définir ce qu’on entend par féminisme, elles veulent le changement. Elles le veulent pour elles, pour leurs enfants. Elles veulent vivre dans une société meilleure, plus juste, plus égalitaire. Mais leur combat n’est pas d’aujourd’hui, il a commencé il y a plusieurs décennies. Dans ce qui suit, on présentera les objectifs de l’Union Européenne (U.E.) et des biographies de militantes féministes libanaises.
De prime abord, l’égalité entre les femmes et les hommes est l’un des principes fondateurs de l’Union Européenne. Elle remonte à 1957, avec l’intégration au traité de Rome du principe de la rémunération égale pour un travail de valeur égale. Le progrès de l’Union Européenne en termes de promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes ont contribué à l’amélioration du quotidien de bien des citoyens européens. Si des inégalités subsistent, l’UE a, au cours des décennies, réalisé d’importantes avancées, et ce principalement grâce à : la législation relative à l’égalité de traitement ; l’intégration de la dimension de genre dans toutes ses politiques ; l’adoption de mesures spécifiques en faveur de l’émancipation des femmes. La disparité entre les sexes demeure toutefois bien réelle et, sur le marché du travail, les femmes sont toujours surreprésentées dans les secteurs les moins bien rémunérés et sous-représentées aux postes à responsabilités.
Ensuite, parmi les féministes arabes et surtout libanaises, Gisele Halimi, May Ziade, Mai Ghossoub et Etel Adnan, Laure Moughaizel (1929 – 1997) est une grande figure de la lutte pour les droits de femmes au Liban et dans le monde arabe. Laure a été à l’origine de nombreuses réformes législatives en faveur des droits des femmes et elle a été appuyée par son époux, Joseph Moughaizel dans ses luttes revendicatives pour les droits des femmes. Elle a occupé les postes suivants : membre du Comité des droits de l’homme des Nations unies, vice-présidente du Conseil International des Femmes, vice-présidente de la Fédération Arabe des Femmes et présidente du Conseil National Libanais pour les femmes. Pionnière dans le domaine des droits de la femme, elle tente d’établir l’égalité entre femmes et hommes dans le groupe politique auquel elle appartient. Lors des luttes confessionnelles de 1958 au Liban, elle rompt ainsi que son mari avec les Kataeb (Les Phalanges – parti libanais), fatiguée de leur rhétorique anti-islamique. Elle participe ainsi que son époux Joseph à la fondation du Parti Démocratique Libanais en 1969. A partir de ce moment, elle s’identifie à des idéaux démocratiques avec de fortes allégeances aux droits humains et de la famille. Moughaizel a exercé de fortes pressions pour changer des lois de base, qui affectent la vie des femmes libanaises, tel que le droit de vote, obtenu en 1953 et l’égalité pour l’héritage des femmes non musulmanes obtenue en 1959. Elle a combattu également pour abolir les mesures discriminatoires empêchant les femmes de quitter le pays sans la permission du mari. Durant la guerre au Liban (1975-1990) Moughaizel a été un des membres fondateurs de Bahithat, une association de femmes instruites, qui s’opposent au confessionnalisme. Elle a aussi joué un rôle actif au niveau arabe et international, président le comité des femmes arabes et de l’enfance et celui du développement de l’enfant. Elle a été vice-présidente du Conseil international des femmes. Elle a également publié des œuvres sur la législation libanaise et les femmes, sur les femmes pendant la guerre civile, sur les crimes d’honneur, le travail des femmes, les lois politiques et les femmes arabes. L’activité de Moughaizel s’est aussi étendue au domaine des droits de l’Homme. Elle a été membre fondateur de l’Association libanaise pour les droits de l’homme et celle pour la non-violence. En 1996, avant sa mort, la Fondation Moughaizel a été créée pour promouvoir et répandre la pensée et les idées de Joseph et Laure Moughaizel, spécialement dans le domaine des droits humains, de la démocratie, de la laïcité, de la modernisation de la société et de l’unité nationale.
En guise de conclusion, Toutes les raisons données pour justifier cet état des choses sont mauvaises ou scandaleuses. Cela peut être une tradition ancestrale, une coutume locale, une nécessité économique, la misère. Dans les cas les plus révoltants en termes de dignité, de respect de la personne et d’humanité tout simplement, c’est un prétexte religieux qui va considérer la femme comme un objet, voué au plaisir d’un homme, à la procréation, au travail esclave. Dans ce cas, la situation est figée depuis longtemps, et pour longtemps encore. Comment peut-on de nos jours endoctriner et programmer des jeunes femmes de 15 ans et de 18 ans pour qu’elles choisissent de se faire exploser à la ceinture d’explosifs? Remarquons que ces ceintures sont conçues, calculées, construites, ajustées par toute une petite industrie et une organisation officielle masculine ! Cet obscurantisme-là ne va disparaître qu’avec l’instruction et la prise de responsabilité des femmes dans les sociétés concernées. Est-il besoin de citer les pays où le droit des femmes est bafoué quand tous sont concernés à un degré ou à un autre, quel que soit leur niveau de développement?