Selon une croyance répandue, l’humanité est passée d’un état de sauvagerie où les hommes des cavernes traînaient les femmes par les cheveux à une civilisation où ils leur ouvrent galamment les portes. Or, la réalité n’est pas faite de blanc ou noir, mais de zones grises…
Je m’inspire ici du fameux ouvrage de Marylin French La guerre contre les femmes pour poser la question suivante: existe-t-il une guerre contre les femmes au Moyen-Orient? Sans vouloir généraliser, vu que les espaces de dialogue des genres se propagent quand même peu à peu au sein des nouvelles générations, les ‘lieux’ de guerre sont encore de loin plus nombreux. La guerre veut dire dans ce cas: l’oppression, la discrimination, la violence psychologique et physique, l’ostracisation, l’écrasement, la subordination partielle ou totale, etc. Mutilations génitales, infanticide des filles, crimes d’honneur, viols, aggressions et manipulations de tous ordres au quotidien, exploitation dégradante dans la publicité, le langage et les arts, instrumentalisation au nom des religions et des traditions socio-culturelles, etc.
Des hommes – et non ‘les’ pour ne pas généraliser – justifient encore la soumission des femmes en déclarant que Dieu ou la nature les avait créées à cette fin, s’accordant des qualités telles que la raison, la logique, l’intelligence, et même l’åme; les femmes au contraire, souffriraient d’une instabilité émotionnelle ou d’une sexualité débridée qui subvertissent l’ordre et la loi. Des hommes traitent les femmes comme des marginales dans les grandes affaires du monde, et dénient leur rôle nourricier fondamental. Même lorsque des féministes forcent des hommes à les écouter, les politiciens les qualifient de “groupe d’action spcécifique” comme si leurs revendications n’affectaient qu’une petite fraction de la population et non près ou plus de 50% de cette dernière.
De nos jours, lorsque les gouvernements ou les dirigeants religieux adoptent des politiques résolument anti-femmes, il est rare qu’ils les expriment ouvertement, préférant les masquer sous d’autres problèmes. Le prétexte le plus souvent invoqué est “la protection de la famille” – comme ce fut le cas au Liban tout récemment lorsque le projet de loi contre la violence domestique infligée aux femmes fut rejeté, et ce, essentiellement par des instances religieuses pour lesquelles l’honneur de la famille et son unité passe par la “responsabilisation avec les poings” de la femme. Amère ironie!
Or, tout comme les nations entrent en guerre sans en voir les conséquences à long terme, des hommes persécutent des femmes sans comprendre qu’ils détruisent leur société et leur humanité. Un peuple, une espèce, peuvent-ils espérer survivre lorsqu’une part de ses membres agresse l’autre?