Gentille ou Bad Girl?

Je vous écris pour vous faire part d’un problème que je constate dans nos sociétés moyen-orientales marquées par la violence, les guerres, la haine, et… l’absence ou la rareté de gentillesse, de gratuité, de charité, de spontanéité. Je vis à Beyrouth et je voyage souvent à Dubai, au Caire, et au Koweit. La superficialité, le show-off, et la ‘bitchy attitude’ sont au rendez-vous. Etre gentil – femme ou homme, mais surtout si l’on est une femme – équivaut actuellement à être paria! Plus on est ‘pute’ dans la mentalité et la pratique, mieux on grimpe l’échelle socio-économique et on a plus de chance de trouver un ‘bon parti’. Je renvoie ici à une citation de Marcel Proust: “Quand nous parlons de la gentillesse d’une femme nous ne faisons peut-être que projeter hors de nous le plaisir que nous éprouvons à la voir”.

Vous avez récemment parlé Dr. Pamela Chrabieh – et je vous en remercie – du fait que nous nous trouvons actuellement dans “l’ère ou l’âge de la décadence”. La décadence vu l’absence de créativité, de remise en question, d’ouverture, de véritable révolution de la pensée, et j’ajouterai ici, vu l’absence de gentillesse. Etre gentil- gentille ne veut pas dire d’être idiot-e, au contraire, c’est être décomplexé-ée, aimant-e, et de favoriser les relations positives entre êtres humains.

Toutefois, ce qui est problématique au niveau de l’éducation des enfants en bas âge, c’est la différenciation qui s’opère et le sens tronqué qu’on donne aux mots: on apprend aux petites filles d’être ‘gentilles’ au sens d’être ‘calmes, obéissantes et soumises’, alors qu’on laisse les petits garçons exprimer leur ‘trop plein d’énergie’ et on aiguise leur sens du leadership. Je me rive contre cette définition de la gentillesse, évidemment. La gentillesse ne devrait pas être uniquement une qualité de femmes, ni ne devrait être inculquée à nos filles de manière à les habituer à être ‘consentantes’, faibles, passives, sans voix. Etre gentille n’est pas du tout d’être ‘bad girl’, ni ‘soumise et se faire marcher sur les pieds’, mais s’affirmer tout en pratiquant l’art de l’hospitalité.

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