Les Femmes et la Guerre

Les femmes et la guerre par Madeleine GagnonPar Madeleine Gagnon

(VLB Editeur, Canada, 2000)

Un ouvrage certes non récent, mais dont le message est encore d’actualité, et qui touche les femmes au Moyen-Orient victimes d’innombrables guerres. Madeleine Gagnon en a rencontré entre autres en Israël-Palestine et au Liban. Ces femmes ont perdu leurs proches. Nombre d’entre elles ont en outre subi sévices et abus commis par l’ennemi: viols, tortures, maisons détruites, etc.

En effet, de nos jours, les conflits armés sont beaucoup plus susceptibles de faire des victimes parmi les civils que les soldats. 70 % des pertes causées par des conflits récents ont été enregistrées parmi des non combattants, dont la plupart sont des femmes et des enfants.

Selon un rapport du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme:

“Si les femmes ont toujours été victimes de la guerre, dans les conflits récents, elles ont été systématiquement la cible de violences sexuelles et autres atrocités. Là où ces méfaits ont été perpétrés, ils n’ont pas été documentés et leurs auteurs sont souvent restés impunis. En outre, malgré les nombreuses initiatives menées par des femmes pour prévenir ou faire cesser un conflit, ou pour se remettre de la guerre, celles-ci ont rarement accès aux structures du pouvoir politique et sont écartées des négociations officielles de paix, en dépit de la résolution du Conseil de sécurité 1325 sur les femmes, la paix et la sécurité adoptée en 2000.”

Mais au-delà des actrocités des guerres où les femmes sont souvent prises pour cible, ce livre parle d’humanité et d’amour. Madeleine Gagnon est témoin de l’horreur mais aussi du courage. C’est avec ferveur et compassion qu’elle raconte ces femmes dont plusieurs lui ont dit: “Parlez de nous pour nous sauver”.

Selon Evelyne-Ledoux Beaugrand:

” Ceux pour qui les femmes sont garantes d’un avenir meilleur n’ont peut-être pas tout à fait tort, même si, bien sûr, le gage de transformations qu’elles représentent ne repose ni sur une pulsion de vie qui serait, chez elles, plus forte, ni sur un pacifisme intrinsèque à leur sexe. Si les femmes possèdent effectivement la capacité de mettre un terme à certaines violences, d’arrêter la perpétuation de la haine, c’est parce qu’on retrouve chez elles l’envie de dire et de parler, le désir de panser leurs plaies avec des mots. Il est frappant de voir que tous ces pays en guerre, dont quelques-uns sont touchés de façon cyclique depuis des siècles, ont négligé le rôle primordial que joue la parole dans la guérison des blessures laissées par les conflits. Liliane, au Liban, souligne qu’il ‘n’est aucun lieu de rencontres pour les femmes et les hommes qui voudraient reconstruire l’humain, […] aucun lieu de parole où les gens pourraient se libérer des violences, des haines, des remords’. Et le Liban ne fait pas figure d’exception au côté des autres pays où l’on ne recense pratiquement aucun « psychologue de la parole » et où « le grand livre du sommeil, avec son cortège de fantômes criant vengeance», livre qui pourtant pourrait aider à mettre en mots — à abréagir, dirait Freud — les désirs mortifères, doit « rester hermétiquement clos ». Les rares lieux de paroles, souvent créés par des groupes de femmes, sont massivement investis par ces dernières qui trouvent là « le fou désir de vivre et de continuer ». Même si parfois leurs paroles ne servent qu’à répéter leur incompréhension et ne permettent pas d’expliquer le conflit — tâche par ailleurs impossible —, la mise en mots de la pulsion de mort qui les habite a, à tout le moins, l’avantage d’éviter sa mise en acte. C’est d’ailleurs cette violence, nous rappelle Madeleine Gagnon, celle que l’on porte tous en soi, qu’il faut d’abord affronter (…)”.

[hr]

Pour plus d’informations concernant Madeleine Gagnon:

Prix Athanase-David 2002

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