Le racisme au Liban: il est à craindre que la prise de conscience actuelle ne puisse changer la situation!

Chaque année, des milliers de migrants entrent au Liban pour y travailler dans des maisons de familles libanaises, ou en tant qu’employés non-qualifiés dans des entreprises privées. Environ 200.000 travailleurs migrants résident de manière permanente et travaillent légalement au Liban. Il est difficile d’estimer le nombre de travailleurs migrants illégaux qui semble être beaucoup plus élevé que le nombre de personnes dûment enregistrées à la Sureté générale libanaise et au ministère du Travail. Ces travailleurs et travailleuses sont principalement de l’Éthiopie, des Philippines, du Sri Lanka, du Népal, d’Egypte, de la Syrie, des pays ouest-africains…

Les travailleurs de différentes races sont traités d’une mauvaise façon, sans avoir aucune valeur sociale. Ils ne sont pas considérés comme des êtres humains. Ce n’est pas juste un racisme qui est en rapport avec la classe sociale, c’est essentiellement en rapport avec la couleur de la peau. Par exemple, il y a quelques années, un incident diplomatique: l’épouse de l’ambassadeur britannique, d’origine Sri-Lankaise, se baignait tranquillement dans une piscine quand – au motif de sa couleur de peau – certains employés de la station balnéaire située à Jounieh l’ont sommé d’interrompre illico ses longueurs. Elle indisposait d’autres nageurs qui la considéraient comme une simple employée de maison.

Autre histoire datant d’il y a à peine 3 ou 4 ans: une étudiante française en Sciences Politiques, d’origine africaine, qui se fait agresser – toujours au motif de la couleur de sa peau – sur une des places principales de la capitale libanaise, sous l’œil des passants qui ne bronchent pas. Elle décide de porter plainte, c’est peine perdue pour elle, la gendarmerie locale estime qu’elle est coupable. Ce n’est que suite à la demande de l’Ambassade de France que la plainte fut finalement enregistrée, sans pour autant qu’il n’y ait un suivi. Affaire close, il est fort à craindre.

Voilà une liste non exhaustive des violations auxquelles les travailleurs au Liban sont confrontés:
● Les agences de recrutement dans leur pays d’origine leur donnent de fausses informations sur les conditions de travail au Liban
● À l’arrivée au Liban, leurs passeports sont remis à l’employeur qui souvent ne leur rendra pas avant leur départ du pays
● Dans la loi libanaise (qui a le système de kafala, ou système de parrainage), l’employé étranger “appartient” à son employeur
● Les travailleurs migrants travaillent souvent pendant trois mois ou plus sans recevoir aucun salaire parce que les employeurs clament leur droit au “remboursement des frais d’agence”
● Certains employés ne sont jamais payés au cours de leur contrat de deux / trois ans avec l’employeur
● Certains employés travaillent 24h/24 et 7 jours/7 pendant tout leur séjour au Liban sans aucun jour de congé
● De nombreux employés sont séquestrés à l’intérieur du lieu de travail
● Quand ils tentent de déposer une plainte contre leur employeur, la police les arrête et les remet à la Sûreté générale qui les retourne à l’employeur (quelle que soit la cause du départ y compris le viol, les coups et autres mauvais traitements graves) ou les expulse sans même vérifier si ils/elles ont été payés au cours de leur période de travail
● Quand un travailleur migrant veut quitter le Liban avant la fin de son contrat, et sans accord de son employeur, il / elle sera soumis/e à un minimum de 2 mois de détention arbitraire aux fins d’ «enquête»

Conformément à la loi libanaise, et étant donné que le Liban n’a pas ratifié la Convention de 1951 sur le statut des réfugiés, les demandeurs d’asile de l’Irak, du Soudan, de la Syrie, etc. sont considérés comme des migrants et sont souvent soumis aux mêmes conditions d’esclavage que celles décrites ci-dessus.

Les Libanais semblent aujourd’hui “découvrir” le problème du racisme alors qu’il est là depuis longtemps. L’Histoire démontre que la problématique n’est guère nouvelle. On a juste oublié pour mieux recommencer… Il est à craindre que la prise de conscience actuelle ne puisse changer la situation, on oubliera, on recommencera, les habitants de ce pays (la plupart) n’apprennent pas de leurs erreurs… Alors la conclusion qui s’impose: que ferons-nous? Que feront les autorités? Rien comme d’habitude et ce problème se reposera d’ici quelques année le temps aux bien-pensants d’oublier.

[hr]

Bibliographie:
http://www.cldh-lebanon.org/francais/presentation-du-cldh/racisme-discrimination-esclavage
http://libnanews.com/2012/08/28/le-racisme-au-liban/
http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20130305170327/
http://go.microsoft.com/fwlink/?LinkId=129792
http://observers.france24.com/fr/content/20101207-sri-lankaise-est-libanaise-court-metrage-antiracisme-shankabout-film-bonnes

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